III.2.c. Le paradoxe vaudais

La commune de Vaulx-en-Velin est officiellement inondable mais, dans les faits, la position de l’Etat et des élus locaux, et les choix d’aménagement pris par ces derniers, semblent contredire cette réalité. La commune considère que son territoire n’est plus inondable depuis la fin des années 1950 : la crue de 1957, dernière crue importante du Rhône dans la région lyonnaise, s’est arrêtée au pied de la digue de Vaulx-en-Velin et aurait ainsi consacré la « victoire sur le Rhône » ²⁵. Pourtant, l’essentiel du territoire communal est concerné par le plan des surfaces submersibles du Haut-Rhône approuvé en 1972 : officiellement, Vaulx-en-Velin reste inondable. La position de l’Etat traduit la même ambiguïté : c’est à lui que revient le choix du classement d’une partie du territoire communal en Zone à Urbaniser en Priorité (ZUP), projet déclaré d’utilité publique en 1963²⁶ : 83 000 logements ont ainsi été construits de 1970 à 1980, alors même que le SNRS affichait dans le même temps le caractère inondable de ce secteur.

Par ailleurs, sur le terrain, plusieurs indices posent question quant à l’efficacité des digues de protection : la digue de ceinture de Vaulx-en-Velin est en terre et semble dégradée en plusieurs points, et le remblai autoroutier qui double cet ouvrage comporte plusieurs passages inférieurs : est-on certain que l’inondation appartienne au passé ? En plus de cela, la perte de la capacité d’écrêtement de la plaine de Miribel-Jonage, à l’amont immédiat de la commune, ne risque-t-elle pas de provoquer une augmentation du niveau des eaux et une mise en charge plus forte des ouvrages, comme l’ont souligné les auteurs du rapport final de l’Etude Globale (IRS, 2002) ?

Comment expliquer alors cette situation paradoxale, et qu’en est-il réellement du risque d’inondation à Vaulx-en-Velin ?