La réaction tardive des acteurs de la gestion du risque dans la région lyonnaise est surprenante. Alors que Paris a toujours su qu’elle restait vulnérable, Lyon semble s’être endormie sur son sentiment de sécurité, à l’abri derrière ses digues. Pourtant, la ville s’est étendue et densifiée au sein du lit majeur, et bien au-delà des limites du rempart de protection du XIXe. Potentiellement, sa vulnérabilité est donc plus élevée. Il y a une dizaine d’années, dans un contexte de recrudescence des crues fortes, et face à l’éventualité d’une aggravation de l’aléa, l’Etat, assumant sa fonction jacobine, a posé la question du risque à Lyon et remis cette problématique à l’agenda des politiques urbaines.
Une première étude sommaire réalisée en 1998 par le Service Navigation Rhône Saône avait pointé la question de l’hétérogénéité et de l’obsolescence de la connaissance du risque et de sa réglementation (SNRS, 1998). En 2000, à la demande du préfet délégué de bassin27, les services gestionnaires ont amorcé une réflexion sur un plan d’actualisation des connaissances de l’aléa et de la vulnérabilité et d’actions « en vue de meilleures prévention et protection contre le risque d’inondation 28 » sur le territoire de la Communauté urbaine de Lyon (COURLY). Cette décision a débouché sur le lancement d’un plan de prévention du risque d’inondations29 du Rhône et de la Saône sur le territoire du Grand Lyon, prescrit par le Préfet du Rhône le 7 janvier 2004, et qui a été partiellement approuvé en 2007.
Il est également prévu de remettre à jour la réglementation du risque sur les communes de l’agglomération situées en dehors du périmètre du Grand Lyon. Parallèlement, des réflexions ont été engagées pour envisager la faisabilité du rétablissement de la capacité d’écrêtement de l’île de Miribel-Jonage, notamment dans le but de soulager la rive droite du canal de Miribel. Mais les actions humaines réalisées dans ce secteur ont profondément déstabilisé l’hydrosystème. La restauration du fonctionnement naturel, tout comme la possibilité d’établir des mesures de protection rapprochées se heurtent à l’importance et à la variété des enjeux urbains, et posent le problème de la compatibilité des usages.
Le parti pris par les services en charge de la gestion du risque est celui d’une plus grande sécurité : l’aléa de référence sera désormais bien plus contraignant que celui retenu jusqu’à présent. Quelles sont les implications de cette prise de décision ? Comment est-ce analysé, légitimé ou contesté par les différents acteurs ? La réactualisation de la problématique des inondations semble peu relayée, à l’heure actuelle, auprès de la population lyonnaise, alors que l’Etude Globale et le Plan Rhône ont justement insisté sur la nécessité de développer une culture du risque à Lyon. Une étude confiée par la DIREN à la Maison du Fleuve Rhône, réalisée en 2007, a conclu à la faible conscience du risque de la part des habitants (Tröger, 2007).
Courrier adressé aux services de l’Etat en date du 21 mars 2000
SNRS, « Risque inondation sur la Communauté urbaine de Lyon, note technique de synthèse », rapport du 5 mai 2000, 13 p, p. 2
Le pluriel ici employé par les services de l’Etat renvoie à l’inondation par débordement direct et aux inondations indirectes liées à la remontée de la nappe d’accompagnement du fleuve, au reflux par les réseaux et à l’éventualité de rupture de digue