Conclusion

La réactivation tardive de la problématique des inondations à Lyon est surprenante. Bien que les enjeux soient considérables, la réglementation de l’occupation des sols s’est révélée obsolète et hétérogène jusqu’au début du XXIe siècle. Le peu d’inquiétude constaté au niveau des gestionnaires locaux contraste avec les revendications au niveau des marges, surtout à l’amont, qui tardent à être entendues. Cela semble néanmoins évoluer ces dernières années du fait des exigences affichées au niveau ministériel (directives ministérielles relayées par la DIREN de bassin). Tout se passe comme si la ville s’était dotée des conditions matérielles et perçues de la sécurité au milieu du XIXe siècle et semblait depuis endormie sur son sentiment de sécurité. Mais dans un contexte de recrudescence et d’aggravation potentielle des inondations, l’Etat a récemment remis la question des inondations du Rhône et de la Saône à l’agenda des politiques urbaines. Il semblerait qu’on retrouve ici les deux champs de force évoqués au chapitre premier.

Comment expliquer le sentiment de sécurité de la cité lyonnaise et la réactivation tardive de la problématique des inondations ? Qu’en est-il précisément de la réalité du risque de crue du Rhône et de la Saône à Lyon, et quelle en a été la genèse ? Quels sont les fondements des revendications observées sur les marges, et comment ces problématiques sont-elles prises en compte par les acteurs de la gestion du risque ? La façon dont l’Etat et les gestionnaires locaux envisagent la situation lyonnaise est-elle complète au regard des héritages géomorphologiques et anthropiques qui façonnent le territoire et à la lumière de l’expérience récente des catastrophes de 2002 et 2003 ? Autrement dit, qu’en est-il de la territorialité présente, passée et à venir du risque d’inondation à Lyon et de son articulation avec la prise en compte de cette question à l’échelle du bassin du Rhône ?

Question éminemment complexe que celle du risque d’inondation et de sa gestion, qui pointe l’importance des interactions entre le risque et l’urbanisation, et soulève l’enjeu de la prise en compte du temps et de l’espace. Le cas de l’agglomération lyonnaise illustre parfaitement les limites de l’approche classique du risque, limites de plus en plus reconnues. L’enjeu est aujourd’hui celui d’une approche globale des phénomènes. Sur la base des développements précédents, le dernier chapitre de cette partie introductive propose une nouvelle clé de lecture du risque de crue en milieu urbain et périurbain qui s’insère dans un effort de réflexion mené par de nombreux chercheurs.