I.1.b. L’approche globale et l’étude qualitative de la vulnérabilité

A la rencontre des théories précédentes, l’approche globale des phénomènes naturels proposée par R. D’Ercole au milieu des années 1990 (D’Ercole, 1994) insiste sur la notion d’enjeu et se fonde sur un triple constat : les phénomènes paroxystiques, récurrents, sont perçus comme des anomalies mais traduisent en fait l’évolution instable de la Terre; les dommages reflètent les dysfonctionnements d’un système socio-économique donné: ils sont tolérés en fonction d’un contexte socio-économique et technique particulier; les réponses humaines aux crises résultent de comportements dans un système sociopolitique propre (Thouret, 1996; D’Ercole et Thouret, 1996). Ce courant s’inscrit dans un mouvement de réaffirmation du rôle de la géographie appliquée. En effet, de nombreux théoriciens s’accordent à souligner la nécessité pour nos sociétés vulnérables de concilier la connaissance fondamentale des phénomènes naturels et leur prévention.

Il en résulte une approche qualitative et semi-qualitative de la vulnérabilité, qui complète l’approche quantitative jusqu’ici dominante en France. La vulnérabilité est appréhendée comme un système composé d’éléments vulnérables et de facteurs de vulnérabilité. Ces facteurs doivent être identifiés et analysés, car ils induisent un certain type de réponse de la part de la société concernée (D’Ercole, 1994). Les différentes composantes du risque peuvent être artificiellement dissociées pour les besoins de l’analyse afin de mieux distinguer la part de chacun des facteurs de vulnérabilité, pour mieux cibler ensuite les actions de réduction du risque à entreprendre.

On distingue ainsi:

Cette approche complexifie l’équation classique du risque et s’applique en particulier à l’étude des risques en milieu urbain, où l’on observe des interrelations complexes entre de très nombreux facteurs.