II. Problématique du risque d’inondation dans le corridor du « Y lyonnais » : pour une approche géohistorique et systémique du risque en milieu fluvial urbain et périurbain

II.1. Problématique du risque fluvial dans le Y lyonnais

Notre démarche, qui prend acte de l’extrême complexité du risque fluvial en milieu urbain et périurbain, se situe au croisement des approches globale, systémique et géohistorique, et vise à étendre la prise en compte de la variabilité spatiotemporelle à l’ensemble des dynamiques qui conditionnent le risque. L’objectif est d’analyser, par un jeu d’emboîtement d’échelles de temps et d’espace, le système du risque et ses composantes, qui sont autant de sous-systèmes en interaction. Autrement dit, nous proposons d’étudier en quoi les dynamiques du milieu (morphodynamiques), de l’hydrologie, de l’occupation du territoire (développement économique et social et extension spatiale de l’urbanisation), de l’endommagement et des perceptions du risque, mises en œuvre dans la durée, et étudiées selon différents pas de temps, conditionnent le risque en milieu fluvial.

Cette approche est travaillée à l’échelle de l’agglomération lyonnaise au sens large, et plus particulièrement sur le corridor fluvial de ce qu’on peut appeler le « Y lyonnais », formé par trois tronçons qui s’articulent autour de la confluence du Rhône et de la Saône (fig. 2):

  • La Saône à l’aval de la confluence de l’Azergues, au droit de la ville de Trévoux, jusqu’à la confluence au Rhône,
  • Le Haut-Rhône depuis le barrage de Jons, qui marque l’entrée dans la plaine de Miribel-Jonage, à la diffluence des canaux du même nom, jusqu’au confluent du Rhône et de la Saône.
  • Le Rhône à l’aval de Lyon, du confluent jusqu’à la restitution du canal de fuite de Pierre-Bénite, à Ternay.

La particularité du « Y lyonnais » se fonde dans l’ancienneté des rapports entre la ville et les fleuves, puisque la construction de Lyon remonte à l’Antiquité gallo-romaine (49 avant J.-C.). A l’origine, l’essentiel des sites primitifs se situe hors des lits majeurs du Rhône et de la Saône31. Par la suite, la croissance urbaine exige de nouveaux espaces, et entraîne le dépassement des sites originels et l’occupation progressive de la plaine alluviale. L’hypothèse est qu’il y a alors très probablement interaction entre le système fluvial, l’urbanisation et les aménagements suscités par l’agglomération, en lit mineur et en lit majeur, et le risque. L’urbanisation du corridor fluvial semble en effet marquée par des interactions complexes dans le temps et dans l’espace avec :

  • Les fluctuations de l’enveloppe fluviale et les crues, qui modifient les conditions de site et les caractéristiques des inondations.
  • L’hydrologie des crues, leur fréquence, et les dommages qu’elles engendrent, qui matérialisent le risque.
  • Un faisceau d’impact directs et indirects dus aux aménagements suscités par l’agglomération, tant en lit mineur qu’en lit majeur.
  • Les dynamiques de perception et de gestion du risque, liées à l’endommagement et aux enjeux socio-économiques et politiques de l’inondation.
Fig. 2. Le corridor fluvial du « Y lyonnais ».
Fig. 2. Le corridor fluvial du « Y lyonnais ».
Notes
31.

Néanmoins, des travaux récents ont mis en évidence une occupation très ancienne sur le site de Vaise (Franc et al ., 2007), avant le peuplement des collines de Fourvière et de la Croix-Rousse, sur lesquels la ville gallo-romaine s’est ensuite développée.