III.2. Reconquête des basses terres lyonnaises et installation des villages de Vaulx-en-Velin, Niévroz et Thil

La reconquête des basses terres sera ensuite orchestrée par les ordres monastiques, qui vont se multiplier et implanter leurs domaines notamment dans la plaine. En Presqu’Ile par exemple, on voit se mettre en place de vastes exploitations agricoles et industrielles dirigées par les moines, qui suscitent le développement de petits groupements de population à proximité des abbayes. L’ensemble demeure cependant très extensif et conserve un aspect particulièrement rural.

Au XIe et XIIe siècles, on assiste par ailleurs à un développement des campagnes dans une période d’optimum au cours de laquelle le Rhône développait un style à méandres, dont les traces sont d’ailleurs encore bien visibles à l’amont de Lyon, et dont la présence au droit de la ville est attestée par les cartes et plans anciens figurant la rive gauche du Rhône. A cette époque, le fleuve s’est donc enfoncé dans sa plaine caillouteuse, alors beaucoup moins inondable. Cette dernière a pu être colonisée en particulier lors des grands défrichements du XIe siècle. Ainsi en amont de Lyon, les villages de Niévroz, Thil et Vaulx-en-Velin, fondés justement à cette période d’après les archéologues (F. Favier et S. Dechavanne in A. Belmont, 1989), se sont manifestement établis pendant une période de calme hydrologique sur des très basses terrasses où le phénomène de crue était beaucoup moins important qu’aujourd’hui. Les premiers habitants de Niévroz, Thil et Vaulx-en-Velin, qui comptent aujourd’hui parmi les seuls villages installés en lit majeur, et qui sont régulièrement inondés pour ce qui est des deux premiers (Combe, 2001), ne prenaient donc alors pas de risque en construisant sur ces sites, mais c’est la métamorphose du fleuve s’ajustant au retour d’une période de crise qui provoquera le retour d’une partie de la plaine en lit majeur.