La véritable reprise de la croissance urbaine se produit en fait aux XIIe et XIIIe siècles, dans un contexte d’apaisement politique favorable à la reprise démographique et à l’extension des groupements humains. L’urbanisation va alors se développer dans la Presqu’Ile, exhaussée par les limons de crue et quelques remblais. La « revitalisation de la ville gallo-romaine »42 semble avoir été directement favorisée par un relâchement de la contrainte fluviale lié à l’incision des fleuves et à la migration du Rhône vers sa rive gauche (Burnouf et al., 1991 ; Gauthiez, 1993).
L’évolution est relativement rapide puisque le pont du Rhône doit être reconstruit et déplacé à plusieurs reprises pour s’adapter au changement de tracé (Burnouf et al., 1991). A la suite des travaux de Burnouf et al. (1991), B. Gauthiez (1993) a démontré que le point de passage du Rhône a progressivement été déplacé vers le sud (fig. 10), vraisemblablement en lien avec la fluctuation du lit du Rhône, qui avait tendance à migrer vers l’est, nécessitant pour la société de s’adapter à la mobilité du paysage fluvial.
1 - avant les années 1070 : port de la Douane, place de la Platière, rue du Bas-d’Argent ; 2 – vers 1074 : pont de Saône, Saint-Nizier, rue Gentil ; 3 – au XIIe s. : rue de la Gerbe ; 4 - au milieu des années 1180 : rue Mercière, pont du Rhône ; 5 - premier quart du XIIIe s. : rue Sainte-Hélène, bac contrôlé par la tour Béchevelin ; 6 – vers 1225 ou après : nouveau pont du Rhône
(source : Gauthiez, 1993, modifié).
Le retrait du Rhône vers sa rive gauche a par ailleurs très vraisemblablement été accompagné d’une incision de la Saône, et d’une colonisation des berges par la ville. Aux XIIe-XIIIe siècles, la largeur du lit de la Saône s’est en effet réduite au profit des constructions. Le gain opéré sur les rives atteint 100 mètres dans l’axe de l’église Saint-Nizier (fig. 11).
(source : Gauthiez, 1999). L’ancien tracé des rives est indiqué en pointillé.
Gauthiez, 1993