IV. Péjoration hydroclimatique du Petit Age Glaciaire : Lyon redevient un site exposé

IV.1. Une contrainte fluviale plus forte, des enjeux plus nombreux

La péjoration hydroclimatique du Petit Age Glaciaire (XIIIe/XIVe-mi XIXe) entraîne une nouvelle crise sédimentaire et hydrologique et provoque une aggravation du risque d’inondation. En découle le retour d’une partie de la plaine en lit majeur, sous l’effet de la reprise de l’exhaussement et de l’expansion de la bande active (Bravard et al., 1990). Le Rhône connaît une nouvelle métamorphose, qui s’accompagne d’une modification et d’une augmentation spatiale et temporelle de l’aléa hydrologique : les crues débordantes sont plus fréquentes, plus violentes, leur niveau est plus élevé du fait de l’élargissement de la bande active et de l’exhaussement du fond du lit. Le même phénomène se retrouve à Vienne, Arles, Avignon (Leveau, 1999), Grenoble (Cœur, 2003). Mais, bien sûr, le processus interagit avec les actions humaines car les travaux de protection resserrent le fleuve et modifient eux aussi l’aléa.

Comme au Premier Age du Fer, et probablement avec plus d’acuité, Lyon redevient un site au péril du fleuve, et les crues sont d’autant plus dévastatrices que les enjeux exposés se sont multipliés dans la plaine. Au début du XIVe siècle, Lyon, devenue ville royale en vertu du traité de Vienne de 1312, puis ville libre depuis la charte de 1320, s’est en effet étendue et a gagné en population : les quartiers commerçants prospèrent à Saint-Jean et à Saint-Nizier, le centre économique de la Grenette traverse et anime le bourg agricole de la Presqu’Ile, le bourg Chanin se développe au débouché du pont du Rhône, plusieurs moulins sont déjà installés sur le fleuve. Au milieu du XVe siècle, le plan scénographique de la ville de Lyon figure une ville entassée derrière ses murailles, en arrière des couvents des Célestins et des Jacobins.