II. L’endiguement de la Saône

II.1. Embryons de quais sur la Saône (1605-1649)

II.1.a. Situation au milieu du XVIe siècle

Selon R. Gagès (1982), c’est à partir de la Renaissance que la Saône devient un concept urbain, véritable « rue fluviale » symbole de l’histoire de la ville, tandis que le Rhône demeure un fleuve frontière jusqu’au XVIIIe siècle.

Le plan scénographique de 1550 (fig. 15) nous permet de saisir l’aspect du paysage urbain au milieu du XVIe siècle. Si l’axe fluvial tient une place essentielle dans la vie économique de la cité, la ville médiévale tourne le dos à ses fleuves : les berges sont fermées par l’alignement serré des maisons dont les façades principales donnent sur une rue intérieure parallèle à la Saône, par les murs des couvents et par les courtines des fortifications côté Rhône. En rive droite de la rivière, les constructions plongent directement dans l’eau, et sont « séparées par d’étroits passages qui mènent à des escaliers par lesquels on accède aux bateaux dormants amarrés à demeure, qui sont des entrepôts ou des boutiques » (Pelletier, 2002b, p. 60). Le même schéma se retrouve en rive gauche, mais les constructions y sont précédées d’une grève plus ou moins large, en terre battue ou empavée, accueillant un grand nombre de ports sommairement aménagés.

Fig. 15. Plan Scénographique de Lyon d’après la réduction de G. Braun
Fig. 15. Plan Scénographique de Lyon d’après la réduction de G. Braun

(source : AML, in Kleinclausz, 1925).