II.2. Réaménagement des berges de la Saône dans la première moitié du XIXe siècle

II.2.a. La nécessité de créer un passage carrossable en rive droite : édification d’une ligne de quais

Au milieu du XVIIe siècle, la rive gauche de la Saône est donc bordée de quais, mais les ouvrages sont étroits et sujets à de fréquents éboulements, et l’ensemble reste inondable. En rive droite, les maisons du Vieux Lyon ont toujours les pieds dans l’eau sauf au droit du quai de la Baleine construit en 1640. Le projet de créer une ligne de quais surélevés et élargis pour faciliter les communications et protéger la ville contre les inondations voit le jour à la fin de l’Ancien Régime : l’idée est proposée par J.-A. Morand dans son plan général de 1763, et reprise en 1780 par l’Intendant de Lyon J. de Flesselles (Kleinclausz, 1925). Mais le Consulat hésite face à l’ampleur de la dépense : il faut d’abord détruire les maisons riveraines et indemniser les propriétaires. Les premières destructions commenceront sous la Révolution : l’arrêté des 6 pluviôse et 6 ventôse an II (1794) décide que « toutes les maisons, depuis le pont de pierre jusqu’à la porte de Vaise du côté de la Saône, seront renversées […] pour donner la largeur convenable à une grande route, ainsi que les maisons qui gênent la libre circulation des convois militaires et autres dans les routes, rues, places, et quais » 44 .

L’affaissement du quai de la Baleine à la fin du XVIIIe siècle décide les pouvoirs publics à aménager l’ensemble de la rive droite : les quais déjà existants sont élargis et exhaussés en prenant sur la Saône, et des ports en gradins sont bâtis sur le modèle de ceux de la rive gauche. Les maisons anciennement situées du côté droit de la rue intérieure voient de ce fait leur rez-de-chaussée à demi enseveli en arrière de la digue.

D’amont en aval sont ainsi édifiés les quais de l’Observance et de la Chana (1838-41), le quai Pierre-Scize (1811-28, demandé par les habitants dès 1801), le quai de Bondy (1811-28), les quais Humbert (1800) et de la Baleine (1803), le quai et le port de Roanne (1821-26), le quai de l’Archevêché (1810). A l’aval, la construction du quai Fulchiron est décidée dès 1838 mais l’opération est compliquée par le grand nombre de maisons qui bordent la rive. Les travaux ne commencent qu’en 1843 et s’étaleront jusqu’en 1858. Pour la construction de ce dernier ouvrage, on hésitera entre empiéter sur la Saône ou détruire les maisons riveraines. C’est la deuxième solution qui sera finalement retenue en 1838 après avoir pris l’avis de la population (Pelletier, 2002b).

Fig. 17. Le quartier de Bourgneuf en rive droite de la Saône après la destruction des maisons et avant la construction du quai.
Fig. 17. Le quartier de Bourgneuf en rive droite de la Saône après la destruction des maisons et avant la construction du quai.

Lithographie de Fonville, AM Lyon in Pelletier, 2002b

Notes
44.

AM O, quai de Bourgneuf