III.1. Edification d’une ligne de quai le long du cœur urbain (1737-1781)

Pendant longtemps on l’a vu, Lyon resta principalement une ville de la Saône. Au XVIIe siècle et au début du XVIIIe, le Rhône, réputé violent et instable, imposait presque chaque année la réalisation de travaux d’endiguement, régulièrement endommagés (les premières digues de Bandinelli datent de 1573 in Hours, 1982). Les choses évoluent dans le deuxième tiers du XVIIIe siècle, en particulier du fait de la tendance du fleuve à délaisser sa rive droite. La migration du courant sur la rive gauche va alors rendre possible la réalisation des premiers quais en rive droite du fleuve (Pelletier, 2002b), à la place des anciens remparts.

En 1737, le plan de l’ingénieur Deville (fig. 20) projette l’édification d’un quai en rive droite du Rhône allant du bastion Saint-Clair au pont de la Guillotière, avec le concours financier des recteurs de l’Hôpital et des Cordeliers. En réalité, il ne s’agit pas d’un véritable quai mais d’une série d’ouvrages en enrochements défendant la chaussée qui longe la berge. « Ceux-ci s’avançaient dans le cours d’eau par quatre demi-lunes en maçonnerie entre lesquelles s’implantèrent plusieurs ports en gradins, port du Collège, port de Bon Rencontre, port des Cordeliers » (ibid.). Achevés en 1745, les travaux des quais de Villeroy, de Bon Rencontre (qui porteront l’appellation commune de quai de Retz après 1810), de Cordeliers et de l’Hôpital ont entraîné la destruction de presque toutes les fortifications (Kleinclausz, 1925). De 1767 à 1775, l’ensemble est prolongé vers l’aval par Rigod-de-Terrebasse, dans le cadre d’une opération d’urbanisme destinée à remplacer le quartier pauvre des Basses-Brayes par des maisons de style. En avant du nouveau lotissement, le quai Monsieur se compose d’une chaussée bordée d’une promenade plantée. Il ne comporte pas de bas-port mais plonge directement dans le fleuve. Elevé au niveau du pont de la Guillotière, il s’incline vers l’aval pour se raccorder au quai de la Charité, qui constitue la partie amont de la chaussée naissante de Perrache45. Cette dernière, achevée en 1781, est formée d’une large digue protégée par un perré incliné, surmontée d’une promenade plantée de peupliers.

Fig. 20. Plan de la ville de Lyon et de ses environs par Deville (1746)
Fig. 20. Plan de la ville de Lyon et de ses environs par Deville (1746)

(source : AM Lyon in Delfante et Pelletier, 2006).

Notes
45.

Cf. plus bas le point III. 3 de ce même chapitre