III.2. Suppression du rentrant du Rhône et création du quartier Saint Clair (1749-1763)

A hauteur de Saint-Clair, le Rhône amont, de direction est-ouest, vient butter contre le promontoire de Caluire-Croix-Rousse et prend alors une inflexion nord-sud par un coude très marqué où les eaux rapides viennent saper le pied de la balme lyonnaise. La vitesse du courant a favorisé l’installation de nombreux moulins flottants le long du rivage. C’est aussi le lieu de déchargement des pierres et du bois de construction en provenance du Haut-Rhône : au droit de Croix-Paquet, deux ports ont été établis de part et d’autre de la porte de Saint-Clair.

La possibilité d’édifier un quai en amont des Terreaux est envisagée suite à la construction de l’Hôtel Tolozan en 1740, mais l’entreprise présente un défi technique et financier de taille : il s’agit de rectifier le cours du Rhône en le rejetant sur sa rive gauche (Charléty, 1982). En 1749, le Consulat confie l’opération à Soufflot, qui crée une société immobilière pour réunir les fonds et s’associe au marchand Léonard Milanais et à l’architecte Melchior Munet (Kleinclausz, 1925). La délibération du Consulat du 22 octobre 1749 précise les travaux à exécuter, prévus sur cinq ans : redresser le cours du Rhône au moyen d’un quai en gradins permettant le débarquement des marchandises et créer un nouveau quartier sur les terrains gagnés sur le Rhône, délimité par une rue parallèle au quai (l’actuelle rue Royale), en arrière des futures maisons, trois rues transversales, et agrémenté de deux places à chaque extrémité de l’ouvrage (ibid.). Les travaux débutent en 1758, et, dès son achèvement, le quartier Saint-Clair devient un quartier élégant et une promenade à la mode.

L’ouvrage sera complété à la fin du XVIIIe siècle, dans le cadre de l’ouverture de la nouvelle route de Bresse, décidée en 1769 par un arrêté du Conseil qui ordonne la destruction du bastion Saint-Clair et la suppression du rentrant du Rhône par un quai rectiligne. Les terrains ainsi pris sur le fleuve reviendront à l’architecte du projet. Après 38 ans de travaux, le cours d’Herbouville est finalement achevé en 1807 et vient agrandir le nouveau quartier.

(source : AM Lyon in Pelletier, 2002b)