IV.2. La digue de la Tête d’Or (1756-1769)

En janvier 1756, une crue importante rajeunit une ancienne lône entre l’île Chevaline et le Rhône, faisant craindre l’ouverture d’un nouveau bras à travers la rive gauche. Les Hospices et la municipalité de Lyon sollicitent alors le pouvoir royal et obtiennent la construction d’une digue basse en éperon de 500 mètres de long destinée à barrer le faux bras et à repousser le fleuve sur sa rive droite, à hauteur du château de la Pape. La digue de la Tête d’Or, conçue par l’ingénieur du Cours du Rhône Deville suite à un arrêté du Conseil du Roi du 3 octobre 1756, sera financée aux deux tiers par la municipalité lyonnaise, le tiers restant étant à la charge des Hospices qui espèrent récupérer les terrains ainsi gagnés sur le fleuve en comptant sur les atterrissements du Rhône (Barre et Feuga, 1998). L’ouvrage représente une prouesse technique pour l’époque : il ne peut être ancré sur un versant stable et doit être fondé dans le lit même du Rhône par l’échouage d’une grande quantité de pierres dans une zone de très fort courant (Bravard, 1985). Les travaux, adjugés en 1757 pour près de 172 000 livres, s’avèreront longs et difficiles et n’aboutiront qu’en 1768. A peine achevée, la digue sera d’ailleurs endommagée par une crue en 176952.

Fig. 23. Carte des prémices de l’endiguement de la rive gauche du Rhône : les premières digues basses.
Fig. 23. Carte des prémices de l’endiguement de la rive gauche du Rhône : les premières digues basses.

Notes
52.

L. de Broal, 1817, Mémoire sur les dégâts, AD38, VI S.2.9, in Bravard, 1985, p 343