I.2. L’édification du premier quai de la rive gauche : le quai d’Albret le long du quartier des Brotteaux 1825-35

L’année suivante, le premier ouvrage de protection de la rive gauche contre les inondations est réalisé à l’initiative des Hospices, qui souhaitent créer un quai insubmersible pour favoriser l’essor du jeune quartier des Brotteaux (fig. 26). La Compagnie des Ponts, ex-Compagnie Morand, était en effet sur le point d’achever les travaux de la place Louis XVI (place du Maréchal Lyautey actuelle) et de son prolongement dans l’axe du pont par le cours Morand commencés en 1816, et cette dernière, mise hors d’eau par remblais, était déjà bordée de beaux immeubles bourgeois. La construction d’une digue à l’amont du Pont Morand devait permettre le développement de nouvelles constructions à l’abri des inondations, augmentant ainsi considérablement la valeur des terrains des Hospices ouverts à la vente. En plus d’offrir à la ville de Lyon la possibilité de s’étendre à proximité du centre des affaires, l’ouvrage devait contribuer à protéger l’ensemble de la plaine en limitant une partie des débordements, inaugurant ainsi le système de défense projeté depuis longtemps sur la rive gauche. Enfin, la digue devait faciliter le halage et le service du port situé en avant.

Le 29 septembre 1826, les Ponts et Chaussés signent ainsi le devis d’une digue perreyée de 980 m édifiée le long de la rive, en amont du pont Morand. L’ouvrage, bâti en gravier pilonné, s’élève à 5,2 m au-dessus de l’étiage, soit une revanche de 20 cm sur la grande inondation de 1812, les plus hautes eaux connues jusque-là, et présente une largeur de 11 m en couronne58. Le surcoût d’un éventuel élargissement ultérieur est laissé à la charge des acquéreurs des terrains ainsi protégés. Côté Rhône, le talus incliné à 45° est défendu par un revêtement en perré, protégé à sa base par des enrochements. Les travaux sont adjugés en 1828 pour 274 250 francs de l’époque, le projet de digue initial ayant été rapidement transformé en quai avec un étroit bas-port, prolongé vers l’amont par une banquette de halage.

Notes
58.

ADR, S1360