III.1. Des facteurs météorologiques et hydrologiques exceptionnels

Au cours du mois de mai, une série d’averses a provoqué une première crue du Rhône et de la Saône, qui a déjà inondé une partie des quais dans Lyon. Lorsque l’averse des 28-30 mai commence, les sols des bassins versants du Haut-Rhône et de la Saône sont donc complètement saturés, et les deux cours d’eau coulent encore à plein bord. La quasi-totalité des précipitations tombées du 28 au 30 alimente donc directement le débit de crue.

L’averse du 28 au 30 mai est exceptionnelle du fait de son extension, de son intensité, de sa constance et de sa durée. Elle est à la fois océanique et méditerranéenne, et concerne la totalité des bassins du Rhône et de la Saône. Une pluie torrentielle tombe de façon ininterrompue pendant 48 heures : le bassin versant de la Saône reçoit 100 mm de précipitations, celui du Rhône 110 mm : « l’averse la plus drue tombée, en 2 jours, sur cette région » comme le souligne Pardé (Pardé, 1925). Conséquence de cela, la montée des eaux est extrêmement brusque et rapide.

L’importance de la crue mai-juin 1856 s’explique par la concordance des maxima du Rhône et de ses affluents, en particulier l’Ain et la Saône. C’est la plus redoutable concordance connue du Rhône et de la Saône. Selon Pardé, la crue roule un volume total de 3 milliards de m3 à Givors sans compter les débits initiaux, et le débit maximum instantané aurait été de 4500m3/s au Pont Morand, et de 6 000 m3/s à Givors (Pardé, 1925 et 1942), alors que le débit moyen du Rhône y est respectivement d’environ 600 et 1030 m3/s.