Le traumatisme de 1856 marque un tournant dans la relation de Lyon aux inondations : la ville décide de payer le prix nécessaire pour se mettre définitivement à l’abri des eaux. La municipalité sera aidée dans ses dépenses par une intervention importante de l’Etat, qui contribuera pour moitié aux frais des travaux de protection. Il faut ici rappeler que l’inondation extraordinaire de mai-juin 1856 n’a pas concerné que la région lyonnaise, loin s’en faut. L’alternance des précipitations océaniques et méditerranéennes à l’origine de la catastrophe a provoqué des crues et des inondations dans l’ensemble des bassins versants de la Loire, du Rhône et de leurs affluents, ainsi que dans ceux de certains affluents de la Garonne et de la Seine. Au total, les deux tiers du territoire métropolitain ont été touchés simultanément. On a vu que l’ampleur des dommages enregistrés suscita la promulgation de la loi du 28 mai 1858 relative à l’exécution de travaux destinés à mettre les villes à l’abri des inondations. Comme on l’a déjà évoqué dans la première partie de la démonstration121, cette loi joue un rôle fondamental dans la gestion du risque d’inondation en France, en édictant trois principes essentiels :
A Lyon, l’application de la loi de 1858 se traduit par l’élaboration d’un rempart de protection voulu insubmersible, formé par une ligne de quais et de digues calés au-dessus du niveau des maxima historiques de 1840 et 1856. Les anciens quais sont rehaussés ou reconstruits et les lacunes sont comblées. Parallèlement, la plaine de Miribel-Jonage, située à l’amont immédiat de Lyon, est consacrée comme un champ d’inondation dévolu à la protection de Lyon contre les crues. Ce système de défense est complété par des aménagements urbains destinés à placer les enjeux urbains à un niveau insubmersible et à garantir l’évacuation des eaux en arrière de l’endiguement. Aujourd’hui encore, l’essentiel de la protection de la ville est héritée des grands travaux entrepris suite à l’inondation de 1856.
Cf. première partie, chap. 1, point III.2