I.2. La construction d’égouts longitudinaux

En remplacement des anciens égouts perpendiculaires à la direction des fleuves, on prévoit la construction de grands égouts le long des rives. Raccordés au réseau secondaire déjà existant, ils collecteront l’ensemble des eaux et les déverseront au Rhône en aval de la ville. En plus de supprimer le rejet des effluents au cœur de la cité, ces aménagements doivent contribuer à réduire le risque d’inondation.

  • On supprime ainsi le risque de débordement indirect à partir des bouches d’égout causé par le refoulement des eaux à travers les égouts transversaux (phénomène observé en Presqu’Ile en 1840 et 1856), ce qui offre en plus la possibilité d’évacuer les eaux pluviales et l’eau pouvant éventuellement s’infiltrer à travers le relief de l’endiguement.
  • Par ailleurs, on prévoit d’y dériver le ruisseau d’Ecully en période de crue, afin d’éviter l’inondation de la plaine de Vaise. Rappelons qu’en 1840, le flot de la crue de la Saône avait barré l’écoulement de cet affluent dont les eaux avaient alors envahi le plan de Vaise. Le détournement du ruisseau permet ainsi l’endiguement complet de l’ancien faubourg, impossible sans cela du fait de la nécessité de lui ménager un exutoire.
  • En rive gauche du Rhône, la construction de l’égout longitudinal est nécessaire pour deux raisons. D’une part, il est indispensable de pouvoir y dériver les eaux de la Rize en temps de crue, car le débouché de son cours aval a été obstrué par les constructions et n’est plus en mesure d’assurer l’évacuation suffisante des crues du ruisseau, qui débordent donc dans la plaine. Autrefois canalisé et à l’air libre, ce tronçon est à présent recouvert en de nombreux points et il est impossible de lui restituer une largeur suffisante. D’autre part, le système doit permettre le ressuyage rapide de la plaine en cas de submersion, en particulier si les digues venaient à rompre de nouveau. Le risque de stagnation des eaux dans les points bas circonscrits par les rues est lui aussi supprimé, car la cote du radier de l’égout est nettement inférieure à la cote des terrains les plus déprimés. De cette façon, « un accident qui est aujourd’hui une effroyable catastrophe se réduirait donc aux proportions d’une gêne momentanée et sans gravité » 124.

Notes
124.

AML925WP227, Rapport de l’ingénieur en chef Bonnet sur les inondations du Rhône et de la Saône pendant le mois de mai 1856 et sur les travaux à exécuter pour protéger la ville de Lyon contre les crues des deux rivières