D’abord consternés par les proportions prises par la catastrophe, en particulier du fait de la rupture des digues et de la stagnation des eaux sur la rive gauche, les édiles vont rapidement entreprendre un certain nombre de travaux pour combler les lacunes constatées pendant l’inondation, travaux auxquels on donne une priorité absolue. Les dépenses sont immédiatement engagées et prévues au budget de l’année 1857. Certains de ces travaux furent par la suite incorporés dans un projet plus vaste de défense de la ville contre les inondations du Rhône et de la Saône, parfois appelé plan Kleitz, du nom de l’ingénieur en chef des Ponts-et-Chaussées alors à la tête du Service Spécial du Rhône qui fut chargé de concevoir le projet et d’en diriger l’exécution (fig. 32).
Les travaux de première urgence lancés dès 1857 concernent le remplacement de la digue des Brotteaux, jugée trop fragile et considérée désormais comme une menace pour la rive gauche, par un nouvel ouvrage plus résistant, ainsi que la construction de quais sur les portions de berge non encore protégées afin de rassurer la population par l’édification rapide d’une ligne de protection ininterrompue. L’ensemble de ces mesures est autorisé par le décret ministériel du 24 juin 1857. La conception et la réalisation du projet est confiée au Service Spécial du Rhône, tandis que les coûts en sont assurés à frais communs par la ville et l’Etat. Approuvé le 24 août 1859, le plan Kleitz vient ensuite renforcer la protection déjà existante.
Les travaux de défense offrent par ailleurs au préfet l’occasion d’employer les ouvriers de la fabrique lyonnaise alors en crise en ouvrant de vastes chantiers de terrassement à proximité de la ville. Ainsi 1 800 à 2 000 ouvriers sont employés de 1859 à 1861 pour la réalisation des quais de la rive gauche du Rhône (quais d’Albret, de Castellane, Joinville et du Prince Impérial)125.
AML 925WP227, minute d’une lettre du Sénateur Vaïsse au Ministre, 20 octobre 1858