Chapitre 1. Une tendance à la multiplication des enjeux urbains dans le lit majeur

Les catastrophes de 1840 et 1856 ont abouti à une volonté de protection définitive de la ville contre l’inondation, qui se traduit par une protection structurelle des enjeux urbains de l’époque et le souci de préserver les conditions d’écoulement des crues à l’échelle du bassin versant. Mais, tandis que le cadre législatif défini par la loi du 28 mai 1858 soumet tout nouvel endiguement au contrôle strict de l’Administration d’Etat, et que des règlements interdisent les constructions en pisé dans les quartiers jadis inondables de la ville, qu’en est-il de l’évolution spatiale de l’occupation des terres, en particulier en dehors des secteurs concernés par le rempart de protection ? Le mode d’occupation de la plaine alluviale tient-il compte de la contrainte fluviale et est-il adapté à la submersion ? Quelle est la vulnérabilité du bâti, des infrastructures et des terres agricoles sur le secteur, et quelle en a été l’évolution à mesure que Lyon s’est développée au-delà des limites de 1860 ?

Une première approche de la question est rendue possible par une prise en compte analytique de la vulnérabilité du Y lyonnais, au sens de A. Dauphiné (Dauphiné, 2001). Dans son ouvrage synthétique Risques et catastrophes, l’auteur rappelle la définition donnée par le ministère de l’Aménagement et de l’Environnement dans le guide général des Plans de prévention des risques naturels prévisibles (PPR) : « la vulnérabilité, au sens le plus large, exprime le niveau de conséquences prévisibles d’un phénomène naturel sur les enjeux », à savoir les personnes, les biens, les activités et le milieu environnant.

Les pages qui suivent sont consacrées à l’analyse diachronique de la répartition spatiale des enjeux de l’inondation depuis 1860, qui permet de territorialiser la vulnérabilité prise ici au sens analytique, qui est l’une des dynamiques composant le risque d’inondation.