II. Le Cœur urbain

II.1. La ville intramuros et sa banlieue rurale au lendemain des travaux de protection

Vers 1860, l’essentiel de l’espace protégé par les récents travaux de défense de Lyon contre les crues est densément peuplé : le Vieux Lyon en rive droite de la Saône, la totalité de la Presqu’Ile jusqu’aux quartiers d’Ainay et de Perrache. Plus au sud, dans le secteur que l’on appellera bientôt le quartier de « derrière les voûtes », au sud de la voie ferrée, les logements ouvriers se mêlent aux industries et aux activités liées au chemin de fer. De même, à Vaise et Serin sur la Saône, ainsi qu’en rive gauche du Rhône dans les quartiers des Brotteaux et de la Guillotière, les nouveaux quais « insubmersibles » abritent un habitat continu et dense. Dans les nouveaux quartiers de la rive gauche, les parcelles non encore construites sont en passe de le devenir : les îlots sont déjà délimités par le tracé des nouvelles rues, selon un plan hypodaméen. L’habitat représente près du cinquième de la superficie totale (19 %).

Dans la proche banlieue de Lyon, à l’extérieur du périmètre endigué et au-delà des fortifications situées en rive gauche du Rhône (dont la présence explique la relative importance des emprises militaires : 160 ha, soit 4,6 % de la surface du cœur urbain), ainsi que sur les franges de la cuvette de Vaise (à l’est de la voie ferrée et dans la partie sud de l’ancien faubourg), l’habitat reste plus lâche et les maisons sont toutes dotées de jardins consacrés à des cultures de rapport. L’activité agricole est prépondérante (41,2 % de l’espace total): les labours (plus de 1300 ha, soit 37,3% de l’espace) alternent avec des cultures maraîchères destinées au marché lyonnais (133 ha, 3,8 % de l’espace) (R. Sceau, 1995). A Villeurbanne, les villages se développent le long des principales routes et dessinent les quartiers encore modestes des Charpennes, de la Doua, ainsi que ceux des Buers et de Château-Gaillard dont les noyaux anciens sont situés sur des lambeaux de terrasses fluviatiles, à l’abri des inondations. A la limite de Lyon et Villeurbanne, le quartier de la Villette a déjà pris une ampleur non négligeable. A l’aval de la ville, au sud de la Guillotière, les habitations des futurs quartiers ouvriers de la Mouche et Gerland sont loin de laisser présager l’explosion urbaine des décennies suivantes. Le long de la Saône, dans la plaine de la Caille et à l’emplacement du futur quartier de l’Industrie, ainsi qu’à La Mulatière, les habitations sont plus rares et dispersées.

Fig. 34 Carte des enjeux situés en lit majeur dans le « cœur urbain » vers 1950.
Fig. 34 Carte des enjeux situés en lit majeur dans le « cœur urbain » vers 1950.