II.2. Extension et densification de l’habitat, développement des banlieues industrielles

La carte des enjeux du corridor fluvial en 1950 fait ressortir un recul massif de l’agriculture (de 41,5 à 5,5 %) au profit de l’habitat (de 19 à 40,5 %) et des activités industrielles (de 1 à 16,3 %). A l’exception du quartier villeurbannais de Saint-Jean, les champs ont totalement disparu. Seule subsiste l’activité maraîchère, dont l’importance a d’ailleurs augmenté (passant de 3,8 à 4,5 % de l’espace) et dont la physionomie s’est modifiée : les jardins attenant aux habitations ont laissé la place à de plus grandes exploitations situées à Saint-Rambert, dans la partie est de Villeurbanne à Saint-Jean, à La Feyssine et au sud de Château-Gaillard, à Gerland et à l’extrémité sud de la Presqu’Ile. L’habitat s’est étendu : la superficie construite a doublé et le bâti s’est densifié, en particulier à Vaise et Serin, au sud de la Presqu’Ile, dans Lyon intramuros (où il occupe la quasi-totalité de l’espace hormis l’emprise de la caserne de la Part-Dieu), dans les quartiers ouvriers des Charpennes, de La Villette, et La Ferrandière à Villeurbanne, ainsi qu’à La Mouche et à Gerland au sud de Lyon. Au-delà de ces quartiers densément construits, la tâche urbaine s’est notablement étendue, bien que l’habitat reste plus lâche : le long de la Saône, les secteurs de Rochecardon, Saint-Rambert-l’Ile-Barbe ainsi que la plaine de la Caille, jadis agricoles, sont entièrement habités ; en rive gauche du Rhône, la ville a complètement investi les quartiers de Croix-Luizet, des Buers, de Saint-Jean, La Feyssine, et continue à s’étendre au sud de Lyon. Ces quartiers ouvriers, aux constructions souvent modestes, alternent avec des zones industrielles qui leurs sont intimement liées. L’activité industrielle a ainsi connu un développement considérable, passant de 1 à 16,3 % du cœur urbain et occupant quasiment tout l’espace non consacré à l’habitat et aux infrastructures routières et ferroviaires (près de 575 ha). Les usines sont devenues majoritaires à La Buire, dans certains secteurs de La Mouche et Gerland ainsi qu’aux abords du Port E. Herriot (dont les deux premières darses existent depuis 1938). Leur développement à l’est de la voie ferrée a été considérable, en particulier le long du boulevard Stalingrad (qui longe la voie de chemin de fer), au sud de la Part-Dieu, et sur une large bande nord-sud allant des Charpennes à la Villette. Le quartier Saint-Clair, à Caluire, a également vu fleurir les industries, de même que le quartier situé aux abords du port Rambaud dans la Presqu’Ile, entre la Saône et la voie ferrée. L’activité industrielle s’est également développée vers l’amont, sur les pourtours de Vaise et dans le quartier de l’Industrie.

Fig. 35. Carte des enjeux situés en lit majeur dans le « cœur urbain » au début du XXIe siècle.
Fig. 35. Carte des enjeux situés en lit majeur dans le « cœur urbain » au début du XXIe siècle.