III. Le Val de Saône lyonnais

III.1. Une économie rurale traditionnelle en prise avec le fleuve et relativement adaptée à la contrainte fluviale

Vers 1860, l’occupation du Val de Saône est marquée par une exploitation agricole extensive dominante, adaptée à la submersion : près des deux tiers de la plaine alluviale sont voués à l’agriculture et correspondent à des labours ainsi qu’à des prés et des pâturages voués à l’élevage. Les prairies se situent le plus souvent sur les plus basses terres, à proximité de la rivière, où l’on trouve également des formations naturelles caractéristiques des milieux humides : bois, broussailles, saulées et oseraies, très probablement entretenues et exploitées, couvrent environ 80 ha, soit 3 % de l’espace. La rivière et ses annexes représentent environ 465 ha, soit 16,6 % de la plaine alluviale. Les îles, relativement nombreuses, sont en grande partie boisées ou mises en culture. Sur les deux rives, champs et prairies sont parsemés de nombreuses parcelles de forme étroite et allongée où l’on cultive à parts égales la vigne (21,1 ha) ou les légumes dans des jardins privatifs (23,29 ha) attenants aux maisons.

La plupart des villages se sont développés sur les hauteurs, à l’abri des inondations, profitant ainsi de la complémentarité des terroirs. Les quelques constructions édifiées dans le lit majeur, quant à elles, restent le plus souvent à l’abri des crues les plus fréquentes : elles se situent sur des terrains relativement éloignés de la rivière qui ont été épargnés par la crue cinquantennale de 1955 : ainsi le Château de Fétan à Trévoux et les marges des villages d’Ambérieux et de Fontaines. Néanmoins, certains groupements existent sur les basses terres comme le hameau des Varennes à Quincieux, la partie basse des Granges à Trévoux et quelques habitations à Albigny, Couzon et Collonges.

Surtout, l’économie du Val de Saône est marquée par l’existence de villages de mariniers et de pêcheurs situés au bord de l’eau, bordés par des quais anciens, et dont les parties basses sont fréquemment inondées : d’amont en aval, il s’agit de Trévoux, Neuville, Rochetaillée et Fontaines en rive gauche, Saint-Rambert l’Ile-Barbe en rive droite. Mais la part relative de l’habitat est minime : les surfaces habitées se portent à une trentaine d’hectares, soit à peine plus de 1 % de l’espace de la plaine alluviale.

Fig. 36. Carte des enjeux situés en lit majeur dans le Val de Saône lyonnais vers 1860.
Fig. 36. Carte des enjeux situés en lit majeur dans le Val de Saône lyonnais vers 1860.