IV.2. Simplification du paysage fluvial et apparition de quartiers ouvriers à proximité de Lyon

En 1950, l’effet de la croissance urbaine lyonnaise commence à se faire sentir sur les communes de la première couronne de l’agglomération. Les champs et prairies ont reculé de moitié au profit de l’habitat, qui a quintuplé et occupe désormais 5,2 % du lit majeur (290 ha). Le bâti ancien s’est étendu et densifié à Vaulx-en-Velin, protégé par une digue en terre pourtant fragile et peu entretenue, et de nouveaux quartiers ouvriers sont apparus à La Feyssine-Bois Perret, en bordure du canal de Jonage, construit à la fin du XIXe siècle au pied des balmes viennoises pour alimenter l’usine hydroélectrique de Cusset et favoriser le développement industriel et urbain de Lyon. Ce sont les quartiers de la Rize et du Pont des Planches à Vaulx-en-Velin, ceux des Jonchères, du Pontet et de La Petite Camargue à Décines, celui de la Garenne à Meyzieu. Les nouvelles constructions alternent avec des jardins privatifs voués à l’agriculture maraichère, qui occupe alors 290 ha, contre 11,6 en 1856.

La vigne s’est développée à Thil et Miribel, passant de 8 à 30 ha. En rive droite du canal de Miribel, deux groupements sont apparus au droit du barrage de Jons, mis en service en 1937, ainsi qu’un lotissement à la Gra (les hameaux récents du Gorgouillon, du Sablon et des Tuileries sont aujourd’hui inondables mais ne l’étaient pas lors des inondations de 1856, 1928 et 1957). A Miribel, une zone industrielle et artisanale s’est implantée au bord du Rhône.

L’évolution des espaces naturels traduit l’impact du canal de Miribel sur le fonctionnement de l’hydrosystème, sur lequel nous reviendrons bientôt ; les lônes se sont contractées. En 1950, le Rhône et ses annexes fluviales n’occupent plus que 600 ha contre 940 en 1860, et la végétation s’est développée dans les îles : en un siècle, les surfaces boisées ont ainsi doublé et occupent désormais 40 % de l’espace (2 210 ha). Néanmoins, le développement de la végétation s’explique sans doute également par la crise agricole qu’a connue le Haut-Rhône à partir du milieu du XIXe siècle.

Fig. 40. Carte des enjeux situés en lit majeur à l’amont de Lyon vers 1950.
Fig. 40. Carte des enjeux situés en lit majeur à l’amont de Lyon vers 1950.