V. Le Rhône aval

V.1. Un paysage dominé par la présence du fleuve et l’activité agricole

Vers 1860, la plaine alluviale au sud de Lyon offre un paysage rural où l’agriculture occupe plus de la moitié des terres. Les champs et prairies couvrent ainsi 1120 ha : les terres labourables dominent et s’étendent largement, en particulier en rive gauche, à Saint-Fons et Feyzin, tandis que les prés et pâturages, voués à l’élevage, se cantonnent aux parties les plus humides de la vallée (1/5e de l’espace est occupé par l’agriculture). Quelques petites parcelles de vigne occupent 1 % du lit majeur (23 ha); elles sont en fait une extension d’une culture largement dominante sur les versants, et sont surtout présentes au droit de l’Ile de la Table Ronde (Salvador, 1983).

Les milieux naturels occupent l’essentiel du reste du corridor fluvial, dans l’espace de la bande active, dont une partie est cependant dévolue à l’élevage : les parties hautes des îles sont occupées par des prés. Le Rhône et ses lônes, encore nombreuses et largement en eau, déroulent leur parcours sur un quart du lit majeur (537 ha), au milieu des îles et brotteaux, qui couvrent un cinquième de l’espace. Les saulaies et oseraies sont nombreuses, parfois très étendues comme à Oullins. Elles appartiennent au domaine public fluvial et sont amodiées à des particuliers chargés de leur exploitation (ibid.).

Pour l’essentiel, les villages sont bâtis sur les hauteurs, en dehors du lit majeur, où l’habitat se limite à 1 % de la superficie totale. Hormis un groupe d’habitations à Saint-Fons, le long du chemin du fort et en arrière de la digue, et les franges des villages de Pierre-Bénite, Feyzin ainsi que le quartier bas du Sablon, à Grigny, l’habitat est formé par des fermes isolées, disséminées sur les marges de la plaine.

Enfin, quelques usines au nord du secteur annoncent le développement industriel du corridor fluvial à l’aval de la ville, qui trouvera là de vastes espaces susceptibles d’accueillir ses usines polluantes et gourmandes en espace : les fours à chaux d’Oullins, au sud des ateliers de construction de La Mulatière, une verrerie à Pierre-Bénite, et plusieurs usines de production d’acide sulfurique, en particulier l’usine Perret et fils située à Saint-Fons (Laferrère, 1960). La part relative de l’industrie reste toutefois encore relativement faible : elle n’occupe à l’époque que 0,4 % de l’espace alluvial.

Fig. 42. Carte des enjeux situés en lit majeur à l’aval de Lyon vers 1860.
Fig. 42. Carte des enjeux situés en lit majeur à l’aval de Lyon vers 1860.
Fig. 43. Carte des enjeux situés en lit majeur à l’aval de Lyon au milieu du XXe siècle.
Fig. 43. Carte des enjeux situés en lit majeur à l’aval de Lyon au milieu du XXe siècle.
Fig. 44. Carte des enjeux situés en lit majeur à l’aval de Lyon au début du XXIe siècle.
Fig. 44. Carte des enjeux situés en lit majeur à l’aval de Lyon au début du XXIe siècle.