V.2. Le corridor fluvial en cours de transformation

La carte des enjeux de 1950 laisse apparaître une mutation importante des paysages, pourtant sans commune mesure avec les bouleversements qu’entraînera la construction de l’aménagement hydroélectrique de Pierre-Bénite, mis en service en 1966.

Au milieu du XXe siècle, l’agriculture a reculé d’un tiers au profit de l’habitat et des activités industrielles. Les prairies et labours ont diminué de 40 % et n’occupent plus que 30 % de l’espace. Ils ont en partie été remplacés par une activité maraîchère à laquelle une centaine d’hectares sont consacrés (4, 5% du lit majeur) sur la commune de Saint-Fons.

Les bois et broussailles ont légèrement augmenté, la végétation a colonisé les îles tandis que l’impact des travaux de resserrement du fleuve pour les besoins de la navigation a entraîné une contraction de l’hydrosystème : le Rhône et ses bras secondaires se sont réduits d’un tiers et ont libéré 185 ha.

L’emprise de l’habitat s’est notablement développée (elle a été multipliée par huit) et s’étend désormais sur près de 180 ha, soit 8 % de la plaine, tandis que les usines lyonnaises, de plus en plus gourmandes en espace et en eau, ont profité de l’effort de guerre du premier conflit mondial148 et sont en plein essor. La surface occupée par l’activité industrielle a plus que décuplé et se porte déjà à une centaine d’hectares, soit 4,5 % du corridor fluvial situé au sud de Lyon.

Notes
148.

La chimie fut sollicitée pendant le premier conflit mondial pour la production de phénol, produit utilisé dans la fabrication des explosifs, de l’ypérite (gaz moutarde), de la saccharine et du chlore. La position du couloir de la chimie au sud de Lyon, éloigné du front et bénéficiant de l’eau du Rhône, s’est avérée stratégique pendant la Première Guerre Mondiale, ce qui a profité au développement des industries chimiques au sud de Lyon (Laferrère, 1960).