III.2. Lenteur des crues océaniques et rôle des affluents torrentiels de la rive droite

La genèse des crues de la Saône en aval de Trévoux présente une complexité plus grande que sur le cours amont, car les petits affluents de rive droite réagissent aux influences méditerranéennes et cévenoles qui remontent jusqu’à ce point de la vallée. La Saône inférieure est ainsi soumise à trois catégories de crue selon leur origine météorologique (Pardé, 1925) : océaniques, méditerranéennes et cévenoles, et générales, qui présentent chacune des hydrogrammes de formes différentes.

La caractéristique des crues océaniques sauconniennes est leur longueur : si la puissance relative du débit de pointe s’atténue vers l’aval, la durée de la crue, à l’inverse, augmente : à Trévoux et à Lyon, la crue monte pendant huit à neuf jours, soit deux jours de plus qu’à Mâcon, et s’étale sur 18 à 20 jours en cas de crue simple. En cas de crue complexe, si plusieurs averses se succèdent à quelques jours d’intervalle, comme en mars 1876 par exemple, les maxima successifs provenant de l’amont ne forment qu’une seule et même pointe à Lyon, mais d’une durée plus longue, pouvant porter la durée de la crue à un mois.

Les crues méditerranéennes et cévenoles ont une évolution toute différente : elles se produisent le plus souvent à l’automne et sont dues à des pluies diluviennes qui viennent gonfler brutalement les affluents de rive droite, en particulier l’Azergues. Or, la pente de cette dernière est très forte ; le temps de concentration n’y est donc que de quelques heures, et l’Azergues transmet alors brutalement son maximum à la Saône, au droit de Trévoux. Ainsi, contrairement aux crues océaniques, les crues méditerranéennes se renforcent d’amont en aval et ont une évolution bien plus rapide que les premières. Néanmoins, elles ne sont pas forcément plus redoutables, puisqu’elles roulent des maxima généralement moins importants que ne le font les crues océaniques.

Par voie de conséquence, les crues les plus terribles sont celles qui combinent les caractéristiques des deux types précédemment décrits, à savoir la puissance des maxima océaniques et la contribution brutale des affluents de rive droite, qui viennent gonfler ce maximum. Lors du déluge de novembre 1840, le flot de l’Azergues, et dans une moindre mesure ceux de la Grosne et de la Seille, ont exhaussé le niveau de la crue de 2,5 mètres à Trévoux, portant la hauteur maxima à 8,5 mètres (Pardé, 1925).