III.3. Un affluent généralement tranquille qui peut néanmoins devenir « terrifiant »

III.3.a. Importance du volume écoulé

La plus forte crue connue sur la Saône est celle de novembre 1840 (tab. 13), dont le débit maximum instantané égale presque celui connu sur le Rhône amont en 1856 : 4300 m3/s le 2 novembre selon M. Pardé (Pardé, 1925). Au cours de cet épisode, la Saône a également atteint des vitesses dignes de celles du Rhône. Quant au volume total écoulé, il fut, du fait de la longueur de l’épisode, nettement supérieur à celui roulé par le Rhône en 1856. On a là une des caractéristiques des crues de l’affluent : des crues longues et puissantes, dues à des pentes extrêmement faibles et au lent ressuyage du vaste champ d’inondation dans lequel s’étale la crue de la Saône en amont de Neuville. D’une manière générale, la Saône en crue déverse au total deux à trois fois plus d’eau que le Rhône. En revanche, le débit spécifique de 1840 ne représente que les deux tiers du maximum rhodanien : près de 144 l/s/km² contre 220 l/s/km², mais ce chiffre semble au contraire extraordinaire si l’on considère qu’il représente dix fois le module de la Saône, alors que le gonflement record du Rhône, pour sa part, n’a multiplié le module du fleuve que par 7,5, ce qui est déjà énorme. L’épisode de novembre 1840 est ainsi plus qu’exceptionnel, il dépasse largement le débit de la crue millénale estimé par la CNR, selon un ajustement de Gumbel, à 3700 m3/s (soit seulement huit fois et demi le module, et 86% du maximum instantané de 1840), et équivaut à la crue très forte calculée par l’Etude Globale Rhône.

Fig. 49. Crues maxima annuelles (1840-2005) et crues caractéristiques à Trévoux et Couzon.
Fig. 49. Crues maxima annuelles (1840-2005) et crues caractéristiques à Trévoux et Couzon.