IV. Le Rhône en aval du confluent de la Saône

IV.1. Triomphe de l’influence pluviale

La conjonction de la Saône et du Rhône consacre le triomphe de l’influence pluviale : le bassin versant total du fleuve est alors multiplié par deux et demi, tandis que la superficie comprise entre le Léman et Lyon quadruple. L’apport de la rivière renforce donc les crues d’hiver du Rhône amont, mais n’apporte presque pas de maxima d’été. Les crues de saison chaude deviennent ainsi des phénomènes isolés face à la supériorité des événements de saison froide, selon quasiment les mêmes proportions que sur la Saône (tab. 10) : plus de 86 % des maxima annuels à Givors ont été roulés de novembre à avril, et les trois mois de décembre, janvier et février ont vu s’écouler plus de la moitié des crues. Près des deux tiers des maxima de saison chaude sont survenus en mai et juin, le dernier tiers se répartissant sur les quatre mois restant, de juillet à octobre. A l’instar de ce que l’on a pu observer sur la Saône en isolant les vingt-cinq dernières années, on observe une diminution de moitié des crues de mars et un doublement des crues d’avril et mai depuis le début des années 1980 : 19,2 % des crues, contre 9,3 % sur toute la période précédente. Là encore, l’écart est plus marqué si l’on dissocie les périodes 1840-1919 et 1920-1979 : respectivement 6,6 et 13,5 % des crues en avril et mai. Par contre, la part du mois de juin reste constante, probablement du fait qu’elle augmente sur la Saône mais diminue sur le Rhône amont.

Enfin, concernant les 30 crues historiques les plus fortes (tab. 11), les 4/5e se sont produits de novembre à mars, principalement en novembre et janvier qui regroupent chacun environ 1/5 des crues, ce qui n’exclut pas de rares crues d’été, comme la crue moyenne d’août 1852 ou les deux crues vicennales de début mai 1856 et mai 1983 et surtout le maximum historique de fin mai 1856.

Comme sur la Saône inférieure, le Rhône aval connaît des crues méditerranéennes et cévenoles dues au gonflement des petits affluents torrentiels de rive droite : l’Yzeron, le Garon et le Gier sont ainsi à l’origine de crues d’automne brutales, inconnues sur le Rhône amont, mais dont l’importance relative reste faible, sans commune mesure avec les grandes crues d’automne du Rhône inférieur après la confluence de l’Eyrieux.