IV.3. Puissance des crues, débits caractéristiques et fréquence annuelle

Intéressons-nous enfin à la puissance des crues et à leur fréquence annuelle (fig. 50). Le maximum historique du Rhône aval correspond à la crue de mai-juin 1856, qui fut cependant moins exceptionnelle que sur le Rhône amont : le débit de pointe fut de 6 000 m3/s, ce qui en fait un événement centennal, avec un débit spécifique de près de 117 l/s/km², soit un peu moins de six fois le module. La crue de novembre 1840 a été quant à elle estimée à au moins 5500 m3/s par Pardé, voire plus, ce qui en fait une crue d’une période de retour d’au minimum 50 ans, peut être 70. On n’a plus connu depuis d’événement aussi puissant, mis à part en 1957, où le Rhône roula une crue presque cinquantennale à Givors à la fin du mois de février. On dénombre par ailleurs trois crues trentennales survenues en 1882, 1928 et 1955, une dizaine de crues approchant le débit vicennal et autant de décennales (tab. 14). La répartition de ces différents événements (fig. 50) fait là encore ressortir la crise du milieu du XIXe, qui semble avoir été suivie d’une certaine accalmie jusqu’au début des années 1880, puisqu’aucune crue notable n’est recensée dans l’inventaire par ailleurs très complet de M. Pardé. Il semble tout de même étrange que le Rhône aval ait été aussi tranquille pendant ces vingt cinq ans, et cela mériterait d’être vérifié à partir des archives journalières du Service Navigation. En particulier, on ne retrouve pas de trace de la crue vicennale du Haut-Rhône de 1963, ni de la décennale de février 1877, pourtant accompagnée d’une petite crue de la Saône. On note ensuite le témoignage de nombreuses crues importantes jusqu’à la fin des années 1950, avec une alternance de groupes d’années plus touchées que d’autres, qui coïncide avec la succession de périodes pluvieuses et de périodes plus sèches (Pardé, 1925). Enfin, comme sur le Rhône en amont de la confluence, il n’y a plus aucune crue notable pendant plus de trente ans, de 1957 à 1990, date à partir de laquelle les crues reviennent sur le Rhône aval : depuis une quinzaine d’années en effet, le fleuve a connu six crues d’une période de retour entre dix et vingt ans, soit une tous les deux ans et demi en moyenne.

Le rapport entre le débit caractéristique d’étiage (quinquennale sèche) et le débit de la crue biennale est de 1 à 9,1, il est de 1 à 16,7 entre le débit caractéristique d’étiage et le débit record de 1856.

Après avoir exposé les caractéristiques du régime sur les trois branches du Y lyonnais, et montré quelles étaient les permanences et les évolutions décelables, voyons à présent comment les crues s’expriment dans la plaine, et quelle est la situation du risque actuel à Lyon à la lumière de la situation passée, en terme de vulnérabilité et d’invulnérabilité relative.

Fig. 50. Crues maxima annuelles (1840-2005) et crues caractéristiques à Ternay.
Fig. 50. Crues maxima annuelles (1840-2005) et crues caractéristiques à Ternay.