I.2. Une protection qui reste imparfaite sur la Saône

Sur la Saône dans la traversée de Lyon, ce sont les parkings construits dans le lit mineur qui sont les premiers enjeux vulnérables. L’inondation du niveau -2 du parking Saint-Jean se produit par infiltration à partir de la cote 2,9 m au pont La Feuillée ; l’eau passe ensuite au-dessus de la porte étanche à partir de la cote 3,35 m. Des infiltrations se produisent également au niveau du parking Saint-Antoine à partir de la cote 3,4 m. Enfin, les caves des immeubles de la Presqu’Ile, dans le 2° et le 9° arrondissement de Lyon, commencent à être inondées par la crue de la nappe à partir de la cote 5,4 m (DIREN Rhône-Alpes, SPC, 2006)

Le long de la rivière, depuis le quartier de Vaise jusqu’à la confluence, la protection consiste en une ligne continue de quais en escaliers protégés par des murs droits en maçonnerie et surmontés de parapets de 90 cm de haut. Néanmoins, ces derniers comportent plusieurs lacunes non batardables qui constituent les premiers points de débordement. Le couronnement du mur, compte non tenu des parapets, se situe 50 cm sous le niveau de la crue de 1840 « rectifié »161 en amont du pont de la Feuillée, et au niveau de cette même crue en aval.

Le quartier de Vaise serait ainsi protégé des débordements jusqu’à la crue bicentennale, par un endiguement qui possède une revanche de 40 cm sur le niveau de la crue de 1840 rectifiée, hormis certains secteurs de la zone industrielle de Vaise en arrière du quai du Commerce qui commencent à être inondés dès la crue de période de retour 70 ans. Pour un débit centennal, l’inondation resterait limitée aux terrains situés à proximité du stade, mais elle serait beaucoup plus marquée à partir de la crue bicentennale, de part et d’autre de la rue Marietton notamment où les hauteurs d’eau atteindraient 1 à 2 m. Pour un débit cinq-centennal, la quasi-totalité de Vaise serait submergée, hormis les terrains en arrière de la voie SNCF qui sont globalement épargnés.

Plus à l’aval, les quartiers sont ensuite théoriquement protégés jusqu’à la crue bicentennale, hormis le quai Saint Vincent qui serait inondé dès la centennale. En rive droite, les premiers débordements sur les quais de Lyon apparaîtraient au niveau de Saint-Georges pour un scénario bicentennal. Un débit cinq-centennal inonderait ensuite les quais au niveau du Palais de Justice, dont les archives sont inondables. Les débordements resteraient néanmoins limités à quelques endroits avec des poches de moins de 0,5 m (une petite poche de 1 m de profondeur vers Saint-Georges). Pour une crue très forte (>Q500), l’étendue en plan de l’inondation serait sensiblement la même, avec des profondeurs plus importantes dépassant presque partout les 2 m. Tous les quais de la Saône seraient noyés sous près de 2 m d’eau sur les deux rives, avec des vitesses importantes, toutes supérieures à 0,5 m/s ; les quartiers St Jean et St Paul seraient noyés sous plus de 1 m d’eau.

En Presqu’Ile, les seuils de débordement calculés correspondent à un débit de la Saône quasi cinq centennal sur le quai Tilsitt, millénal ailleurs. Avant ce débit, seuls quelques bas-ports sont inondés entre Perrache et le confluent. Les terrains situés entre la Saône et la place des Jacobins ainsi que le secteur entre la place Bellecour et la place Antonin Poncet seraient inondés à partir des points bas des quais, avec des hauteurs d’eau augmentant progressivement d’amont en aval : à l’est, il est prévu moins de 50 cm d’eau dans les quartiers situés entre la rue de la République et le quai Jean Moulin. En revanche, le secteur compris entre la rue Grenette et la place Bellecour connaîtrait des profondeurs supérieures à 1 m sur le tiers de sa superficie. La place Bellecour par exemple serait noyée sous 1 à 2 m d’eau. Jusqu’à Perrache ensuite, seuls les quartiers proches des quais seraient inondés, avec des hauteurs d’eau proches du mètre. En aval de Perrache, si la partie sud du quai Rambaud serait inondée en cas de crue égale ou supérieure à la crue centennale, les seuils de déversement dans les terrains voisins ne seraient franchis qu’à partir d’un débit de période de retour 150 ans.

Notes
161.

C’est-à-dire, on l’a vu (cf. partie II : chap.3 II.4.b et chap.4 IV.2), le niveau qu’aurait atteint une crue d’un débit équivalent à la crue de 1840 s’écoulant dans le lit rectifié par les travaux effectués de 1843 à 1864