II.1.a. Géométrie du lit majeur historique et situation actuelle

Le Val de Saône est réputé pour sa platitude et la largeur de son lit majeur, limité dans notre secteur par les versants du plateau des Dombes en rive gauche, ceux des Monts d’Or et du plateau du lyonnais qui constituent la bordure orientale du Massif Central, en rive droite. En rive droite, la basse terrasse de Quincieux forme un relief intermédiaire à l’abri des eaux. La plaine se resserre ensuite à l’aval de Neuville tandis que la pente de la rivière s’accélère pour rejoindre le niveau du Rhône. Le corridor s’encaisse entre les versants et entaille le promontoire de la Croix-Rousse au niveau du défilé de Pierre Scize avant de s’élargir à nouveau au niveau de la Presqu’Ile jusqu’au confluent de la Saône au Rhône.

Le lit majeur historique est donc relativement large dans la plaine de Quincieux, puis se contracte à partir de Neuville pour devenir quasiment nul dans le défilé de Pierre-Scize. Il s’élargit à nouveau à l’aval du Pont La Feuillée, en rive gauche de la rivière. Depuis Trévoux jusqu’à l’amont de Neuville, les zones inondables s’étalent sur 2 à plus de 3 km de large, puis le corridor fluvial se resserre à l’entrée du Grand Lyon. Le lit majeur fait encore plus de 1,5 km de large à Genay, après quoi il se contracte fortement : il atteint 500 à 600 m de large à Neuville, 1 km dans la plaine d’Albigny et de Fleurieu, 400 m à Rochetaillée, 650 m à Fontaines, 500 à 550 m à Collonges, puis environ 300 m à partir de Caluire, où il se confond même pratiquement par endroits avec le lit mineur. La rivière est en effet plaquée au pied des versants entre lesquels elle déroule ses méandres, alternativement en rive droite et en rive gauche :

  • à Saint-Romain-au-Mont-d’Or (rive droite)
  • dans la partie aval de Fontaines jusqu’au pont de Collonges (rive gauche)
  • entre la partie aval de Collonges et Saint-Rambert (rive droite)
  • entre les plaines de la Caille et de Serin (rive gauche)
  • dans le défilé de Pierre Scize et de l’Homme de la Roche, à l’aval de Vaise et jusqu’à la passerelle Saint-Vincent (sur les deux rives)

Les zones inondables sont alors beaucoup plus limitées qu’en amont, voire inexistantes, sauf dans les plaines de la Caille et de Serin en rive gauche, qui s’avancent respectivement 380 m et 200 m au-delà des rives, et dans celle de Vaise en rive droite, large de 280 m au niveau du quartier de l’Industrie, puis atteignant 800 à 1000 m de large dans la cuvette.

Dans l’ensemble, les résultats fournis par le modèle hydraulique de la CNR (2003) montrent que le lit majeur exceptionnel aurait relativement peu évolué par rapport à la situation avant aménagement (fig. 55). Du moins l’évolution potentielle est-elle beaucoup moins remarquable que sur les autres entités du corridor fluvial. Alors que sur la commune le Lyon, la différence entre les zones inondées en 1840 et celles théoriquement inondables dans la situation actuelle montre une contraction d’un tiers environ (-30,7 %), la différence n’est en moyenne que de -0,8 % sur le reste des communes du Grand Lyon (on passe de 976 à 968 ha). Certaines zones ont toutefois été remblayées au-dessus du niveau de la crue de 1955 (qui correspond selon les secteurs à un débit maximum instantané de période de retour 50 ou 70 ans), en particulier pour la mise hors d’eau des enjeux industriels de Neuville-Genay, Albigny-Couzon et Collonges, ainsi que ponctuellement pour la protection des zones habitées. Mais la cote de référence prise pour établir le niveau des constructions se situe bien en-dessous du maximum historique de 1840, et même sous la cote qui serait théoriquement atteinte en cas de crue centennale, et les enjeux restent donc extrêmement vulnérables pour les crues fortes. Les infrastructures de transport ont été plus ou moins surélevées et jouent localement le rôle de digue jusqu’à un débit plus ou moins fort, variant d’une période de retour 10 à 1 000 ans. En rive droite, la voie ferrée est insubmersible et le chemin départemental 51 est construit sur remblai, bien qu’il reste inondable en cas de crue moyenne. En rive gauche, la route départementale 433 ferait office de digue au moins jusqu’à la crue centennale à Neuville et en aval du barrage de Couzon (excepté une lacune à l’aval du pont de Fontaines), mais les zones bâties qu’elle abrite restent inondables dès la crue trentennale car les eaux y pénètrent lentement à partir des buses qui traversent l’ouvrage.

Fig. 55. Evolution des superficies inondables dans le Val de Saône lyonnais depuis 150 ans.
Fig. 55. Evolution des superficies inondables dans le Val de Saône lyonnais depuis 150 ans.