II.2.b. Fonctionnement hydraulique du secteur

La plaine de Miribel-Jonage doit son nom aux deux canaux qui la traversent : celui de Miribel au nord, qui correspond au bras principal du fleuve, endigué pour les besoins de la navigation au milieu du XIXe siècle, celui de Jonage au sud, construit à la fin du XIXe siècle au pied des Balmes Viennoises pour alimenter l’usine hydroélectrique de Cusset. La figure 59 permet de comprendre le fonctionnement hydraulique de la plaine. A l’amont du secteur, le barrage de Jons répartit le débit du Rhône amont entre les deux canaux. Pour des valeurs inférieures au débit d’équipement de l’usine (640 m3/s), le canal de Miribel reçoit un débit réservé de 30 m3/s (ou 60 m3/s selon le niveau du lac de Miribel) tandis que l’essentiel du débit est dérivé dans le canal de Jonage. Au-delà de 670 m3/s à Jons, l’excédent transite dans le canal de Miribel, qui connaît donc une alternance de phases où le débit est complètement stabilisé et de pics de crue lorsque le débit à Jons dépasse la somme du débit réservé de Miribel (30 ou 60 m3/s) et du débit d’équipement de l’usine de Cusset (640 m3/s).

Le canal de Jonage est bordé de digues insubmersibles et n’occasionne donc pas de débordement, excepté en rive droite sur 1 km à l’aval de la diffluence du Rhône, dans la zone dite du musoir, où la berge est aménagée en déversoir latéral afin d’évacuer une partie du débit de crue en direction du canal de Miribel. Le barrage de Jonage permet de respecter une hauteur de consigne à l’amont du barrage de Jons et contrôle le débit réservé dans l’usine de Cusset pour faire en sorte que le débit ne dépasse pas le débit d’équipement de l’usine. Plus à l’aval, le réservoir du Grand Large avait été construit pour faire office de déversoir compensateur en cas d’arrêt brutal de l’usine de Cusset ; il est aujourd’hui utilisé pour les loisirs nautiques et a été remplacé par le déversoir du pont d’Herbens situé à son extrémité amont en rive droite, dans la plaine de Jonage. A l’aval de l’usine de Cusset, le canal de Jonage reçoit le ruisseau de la Rize qui assure le ressuyage de la plaine de Vaulx-en-Velin.

L’inondation de la plaine se fait donc essentiellement à partir du canal de Miribel. L’ouvrage correspond à peu de choses près au bras le plus septentrional de la bande active du Petit Age Glaciaire, alors que le Rhône développait un style en tresses très marqué. L’endiguement a été réalisé au moyen de digues submersibles qui suivent les sinuosités à fort rayon de courbure et recoupent quelques méandres à faible rayon de courbure, et sont destinées à resserrer les basses eaux dans le chenal navigable (aujourd’hui déclassé). Rapidement, les bras secondaires se sont contractés, et le tracé du Vieux-Rhône s’est considérablement simplifié. Quelques lônes en grande partie asséchées subsistent néanmoins et constituent des zones d’écoulement préférentiel lors des crues, en particulier la lône d’Allivoz et celle de Grella.

Fig. 59. Fonctionnement hydraulique de la plaine à l’amont de Lyon.
Fig. 59. Fonctionnement hydraulique de la plaine à l’amont de Lyon.

Par ailleurs, plusieurs lacs ont été creusés dans l’île de Miribel-Jonage. Ils couvrent 350 ha et font désormais partie du fonctionnement hydraulique du secteur. D’amont en aval, ce sont le lac de la Forestière, ceux de l’Ile Paul, du Drapeau, des Allivoz et de la Bletta, et enfin le lac des Eaux Bleues, le plus vaste, dont l’exutoire est contrôlé à l’aval par un seuil-déversoir aboutissant au Vieux-Rhône. Ce dernier est en permanence alimenté depuis le canal de Miribel par la brèche de Neyron, puis serpente à travers les champs captants de Crépieux-Charmy avant de rejoindre le canal de Jonage, peu avant la confluence avec le canal de Miribel.

Quatre autres brèches situées en rive gauche du canal forment des passages privilégiés et constituent les premiers points de débordement du fleuve, dès la crue biennale. La première à fonctionner est celle située en amont de Thil, qui est sollicitée à partir d’un débit de 1 200 m3/s dans le canal, selon une modélisation du secteur réalisée en 2006 par le bureau d’étude BCEOM. La brèche située en aval du village fonctionne quant à elle à partir de 1 300 m3/s, tandis que celle du Plançon, située à l’amont, peu à l’aval du musoir, est mise en eau pour 1 600 m3/s (ibid.). Ces trois passages alimentent les lônes qui se déversent ensuite dans les lacs. Ces derniers sont également directement alimentés par la brèche de Rayament, en aval de Beynost. En dehors des brèches et de leurs abords, les débordements en rive gauche du canal de Miribel, par-dessus les digues, ne se produisent que pour un débit de crue d’une période de retour située entre 30 et 100 ans.