A l’amont de Lyon, le rempart minéral est remplacé par des digues en terre qui offrent une défense moins efficace que celle apportée par les quais dans la traversée de Lyon. Dans le quart sud ouest de la plaine de Miribel-Jonage, l’agglomération de Vaulx-en-Velin et le quartier villeurbannais de Saint-Jean bénéficient ainsi d’une double ligne de protection qui reste néanmoins imparfaite. D’une part, les digues en terre du XIXe siècle qui ceinturent le quartier Saint-Jean et bordent l’agglomération de Vaulx-en-Velin sont mal entretenues et leur mauvais état général hypothèque leur stabilité ; elles sont de faible épaisseur (1 m de large en couronne) et comportent de nombreux points bas. D’autre part, si les remblais de l’autoroute A 42 et de la Rocade Est sont censés remplacer les anciens ouvrages et sont arasés 0,5 cm au-dessus du niveau de la crue centennale de 1928, ils comportent plusieurs lacunes à partir desquelles les eaux inondent les enjeux situés en arrière. Cinq passages inférieurs sont repérables sous les remblais : deux sous l’autoroute pour le passage des chemins d’accès au quartier des Bardelières (rues de Verdun et du Canal), deux sous la Rocade-Est pour les chemins d’accès à la ferme du Morlet et à la zone maraîchère (PI5), près du centre d’accueil de l’enfance, et pour le passage de la Rize près du canal de Jonage, et un à la jonction des deux ouvrages.
En cas de forte crue, c’est par ces lacunes que l’inondation pénètrerait dans la zone maraîchère située entre la Rocade est et la digue communale de Vaulx-en-Velin, où les débordements commenceraient à partir d’un débit de crue cent cinquantennal d’après les résultats fournis par le modèle hydraulique de la CNR (2003). Les passages inférieurs débiteraient alors 150 m3/s chacun. La zone urbanisée, protégée jusque-là par la digue communale de Vaulx et le remblai de l’autoroute, commencerait quant à elle à être inondée à partir d’un débit de crue bicentennal (fig. 60) :
Le lit majeur historique est ensuite presque complètement noyé pour une crue cinq-centennale. Les hauteurs d’eau augmentent d’est en ouest, ce qui s’explique très probablement par la présence de très bas niveaux holocènes. On trouve plus d’1 m d’eau à l’ouest de l’avenue Georges Rouge (de direction nord-nord-est/sud-est, à l’ouest du quartier de la Condamine, du centre administratif et du Grand Vire), jusqu’à 2 m à la limite du quartier Saint-Jean, et des hauteurs supérieures à 2 m dans ce dernier, tandis que les hauteurs d’eau sont inférieures à 50 cm à l’est. Seuls les points les plus hauts des lambeaux de terrasse holocène restent hors d’eau, mais une partie est finalement submergée par la crue millénale. Les seuls secteurs insubmersibles se trouvent au sud-est de Vaulx-en-Velin, dans une partie de la zone industrielle et du quartier de la Rubina qui sont des secteurs naturellement perchés.
Les secteurs épargnés par les débordements directs sont touchés bien avant par les infiltrations et la crue de la nappe (fig. 61) : les terrains de la zone maraîchère et ceux de l’agglomération à l’abri jusqu’à la crue bicentennale sont touchés dès la crue trentennale, les autres pour la crue centennale. Nous n’avons pas trouvé de traces de remblaiement dans les archives consultées pour ce travail ; néanmoins, il serait curieux que le secteur de Vaulx-en-Velin n’ait pas été remblayé, au moins de façon localisée. La zone industrielle de Vaulx-en-Velin a quant à elle été construite sur un bas niveau insubmersible.
A la décrue, l’évacuation des eaux accumulées dans la plaine de Vaulx-en-Velin se fait très lentement. Le ressuyage est assuré par le ruisseau de la Rize qui passe sous le remblai de la Rocade Est, au sud-est, par un passage inférieur et traverse l’agglomération de Vaulx-en-Velin en longeant plus ou moins le canal de Jonage, avant de se déverser dans ce dernier à l’aval de l’usine de Cusset.
Bien que l’invulnérabilité de leur territoire reste relative, d’autant plus que les enjeux abrités par la plaine ont considérablement augmenté dans la deuxième moitié du XIXe siècle, les communes de Vaulx-en-Velin et Villeurbanne ne se considéraien plus comme inondables depuis que l’inondation de 1957 s’est arrêtée au pied de la digue en terre163. L’étude hydraulique réalisée dans le cadre du PPRI du Grand Lyon, sur laquelle s’appuie notre analyse, tempère ce constat et montre que la commune demeure vulnérable en cas de crue forte.
Cf. Partie I chap.2.c.