II.2.e. Diminution de la capacité d’écrêtement de la plaine

Plusieurs études ont prouvé que la capacité d’écrêtement de la plaine a diminué (Winghart et Chabert, 1965 ; CNR et al., 1993 ; IRS, 2001), ce qui pose question quant à la sécurité des digues dans Lyon et à l’aggravation du risque sur le Rhône aval, depuis Lyon jusqu’à la mer. En effet, les crues récentes du Rhône aval ont matérialisé une aggravation des inondations dans laquelle le cumul des impacts amont joue un rôle important (Balland et al., 2004).

Alors que la crue trentennale de 1957 (4 050 m3/s à Jons) était atténuée de 300 m3/s selon les estimations des ingénieurs J. Winghart et J. Chabert (1965), seulement 25 m3/s ont été stockés lors de la crue décennale de 1990 qui est à peine inférieure en débit (3 270 m3/s à Jons) (CNR, 1993). En 2001, l’Etude Globale Rhône (IRS, 2001) estimait la capacité de stockage de la plaine à 70 m3/s pour une crue centennale. Toujours selon la même étude, c’est seulement pour une crue millénale que la valeur de l’écrêtement atteindrait 320 m3/s. Dans le cadre de l’étude de la gestion des crues du secteur de Miribel-Jonage commandée en 2006 par la DIREN Rhône-Alpes, le bureau d’étude BCEOM a refait les calculs en prenant en compte la situation actuelle des brèches, en particulier les travaux de désensablement de celle de Thil amont (effectués en 2001), qui ne s’ouvrait plus que pour les crues fortes alors qu’elle est aujourd’hui la première à fonctionner, et ce dès la crue biennale. Les résultats montrent une légère évolution de la situation, qui ne contribue cependant pas à améliorer le sort de la rive droite et est bien loin de permettre de retrouver le laminage des débits du milieu du XXe siècle. 80 m3/s seraient aujourd’hui stockés dans la plaine lors d’une crue trentennale, soit presque 4 fois moins qu’en 1957, 149 m3/s lors d’une crue centennale, le débit laminé pour une crue millénale restant à 314 m3/s (BCEOM, 2006 a et b). Ces valeurs prennent en compte le volume stocké dans la totalité de la plaine, sur les deux rives. Or, compte-tenu de l’augmentation des zones inondables en rive droite du canal de Miribel, on en déduit que la valeur du laminage attribuable à la rive gauche, officiellement dévolue à cette fonction pour la protection de Lyon, est encore plus faible qu’auparavant.

Les causes réelles des aggravations que l’on vient de constater, qui seront analysées dans la partie IV, ne sont pas toutes perçues par les riverains, et ne sont que partiellement analysées par les gestionnaires. Par ailleurs, alors que l’Etude Globale a rappelé le rôle des zones inondables du Haut-Rhône dans la gestion du risque d’inondation et souligné l’intérêt de les préserver voire de les restaurer, nul ne semble s’inquiéter de la réduction du laminage dans la traversée de la plaine de Miribel-Jonage. Ainsi, cet enjeu n’est pas évoqué dans les rapports de présentation des PPRI approuvés en 2006-2007 sur le territoire du Grand Lyon. Seules les communes du département de l’Ain, aujourd’hui plus durement touchées et extrêmement exposées, réclament une amélioration de leur sort, comme nous aurons l’occasion d’en reparler plus en détails dans la suite de notre développement.