I. Quel pouvoir d’écrêtement des barrages ?

I.1. Le contrôle des eaux du lac Léman

La machinerie hydraulique de Genève installée à partir de 1708 sur le site de Coulouvrenière et complétée par des barrages dans la deuxième moitié du XIXe siècle (1842-1883) a entraîné un relèvement du niveau moyen annuel du Lac Léman à partir des années 1840 (Pardé, 1925). Afin notamment de limiter l’impact du relèvement des eaux sur le niveau des crues du lac, le règlement de 1892 décide un abaissement de 50 cm du niveau des hautes eaux par rapport à la situation en vigueur au XIXe siècle (Bravard, 1985). On pourrait craindre que cette mesure nuise à la capacité naturelle d’écrêtement du lac, dont on a souligné plus haut l’effet bénéfique sur le niveau des grandes crues à Lyon. En réalité, la réglementation prévoit indirectement la conservation de la capacité de stockage : elle prévoit la possibilité d’augmenter le niveau du lac au-dessus de la cote conventionnelle en cas de forte crue de l’Arve, afin de conserver une hauteur de chute suffisante au niveau de l’usine. Dans la pratique, la fonction d’écrêtement continue donc de jouer lors des plus fortes crues, la France ayant par ailleurs obtenu que le débit maximum de l’émissaire n’excède pas 1100 m3/s afin de ne pas péjorer les conditions d’aval (ibid.).