II. Effets indirects des actions humaines sur les volumes ruisselés, stockés et écoulés

II.1. Effet des mutations de l’occupation des sols sur les volumes ruisselés

L’influence récente de l’évolution de l’occupation du sol sur le ruissellement est un phénomène dont les tendances sont bien connues (augmentation des volumes ruisselés du fait des mutations des pratiques agricoles et de l’imperméabilisation des versants en particulier), mais qui reste difficilement quantifiable. On dispose toutefois d’éléments de réponse sur la Saône grâce à une série d’études menées depuis la fin des années 1980 (Balland, 1989, Astrade, 1996, SMSD, 2005).

L’évolution du mode d’occupation des sols, à savoir le développement des labours et de l’extension des zones imperméabilisées, entraîne une augmentation des volumes ruisselés et une accélération du temps de transmission de l’onde de crue (ibid.). De 1970 à 1980, la superficie des terres labourables a augmenté de 6 % dans l’ensemble du bassin versant, et de 11 % dans le lit majeur. Sur la période 1955-1982, les espaces imperméabilisés en zone submersible ont augmenté de 55 % à Chalon et de 113 % à Mâcon (Astrade, 1996). Dans le cadre du Programme d’Actions de Prévention des Inondations de la Saône, le Syndicat Mixte Saône Doubs (SMSD) a lancé une étude cherchant à estimer l’impact de l’évolution de l’urbanisation depuis les années 1950 sur l’imperméabilisation du bassin versant de la Saône (SMSD, 2000 et 2005). Sur la période 1950-2006, l’augmentation des surfaces urbanisées à l’échelle de l’ensemble du bassin a été estimée à près de 1 200 km² supplémentaires, soit une augmentation moyenne de 300 % par rapport à 1950. Un modèle hydrologique simplifié basé sur les méthodes du Soil Conservation Service a été développé afin d’estimer l’incidence de l’imperméabilisation des surfaces nouvellement urbanisées sur l’augmentation des débits (ibid.). La simulation d’un épisode pluvieux de 60 mm de précipitation en 12 heures sur l’ensemble du bassin montre une augmentation du débit de pointe à Lyon de l’ordre de 10 % par rapport à 1950, soit près de 150 m3/s supplémentaires. Ces résultats doivent être considérés avec prudence car ils n’évaluent que l’impact des surfaces urbanisées sur la période 1950-2000 et n’intègrent pas les autres facteurs pouvant influencer le temps de réponse du bassin tels les mutations agricoles (remembrement, modification des pratiques culturales) ou l’artificialisation des conditions de mise en eau (modification de la géométrie des lits fluviaux, emprise des remblais en lit majeur notamment). Ils montrent néanmoins que « le renforcement de l’imperméabilisation des sols, en partie due à l’urbanisation, a un effet notoire sur la modification des débits et le ruissellement » dans le sens d’une augmentation de la puissance des crues (SMSD, 2005).