III.1. Changements climatiques et hydrologiques observés depuis la fin du XIXe siècle

L’état des connaissances actuelles sur le changement climatique enregistré au XXe siècle permet de démontrer que l’élévation des températures enregistrée ces trente dernières années n’a pas provoqué d’augmentation corrélée des précipitations et n’a pas eu d’impact sur la formation des crues en France métropolitaine (Lang et Renard, 2007 ; Bravard, 2006b). Les tests statistiques réalisés sur huit stations de mesure du Rhône en aval de Genève ont prouvé que le nombre et l’intensité des crues sont restés stationnaires depuis le milieu du XXe siècle (Bravard, 2006b). Deux ruptures se dégagent cependant : une transformation à partir de 1891 due à l’artificialisation du régime du Rhône français liée au développement des barrages suisses au débouché du Lac Léman, une autre à la fin des années 1970 avec l’occurrence de décennies sèches contrastant avec la période plus humide des années 1940-1975 (ibid.). On est donc en droit d’avancer que l’évolution de l’aléa diagnostiquée plus haut est essentiellement due à des causes anthropiques. Aucun effet du changement climatique n’a pu être dégagé dans la recrudescence d’épisodes de crue importants observée ces dernières années dans l’Arc Alpin (Sauquet et Haond, 2003), et notamment dans le bassin du Rhône (citons par exemple la crue centennale du Rhône supérieur en aval de Genève en 1990, et les crues importantes de 1993, 1994 et 2003 sur le Bas-Rhône). Deux hypothèses peuvent être avancées quant à l’origine de ces événements récents. Il est possible que l’on assiste au retour d’un cycle de débits élevés comme cela s’est déjà produit par le passé, notamment à la fin du XIXe siècle (ibid.). Ou alors, les récentes inondations sont peut-être les premiers signaux de l’impact d’un changement climatique entraînant des pics de crue plus importants, bien que les deux phénomènes n’aient pu être reliés jusqu’à présent (Bravard, 2006b). Toujours est-il que l’occurrence de ces extrêmes a révélé l’importante vulnérabilité de la vallée du Rhône vis-à-vis des inondations, et souligné l’enjeu d’une adaptation de la société à la contrainte fluviale. M. Lang et D. Renard insistent par ailleurs sur le fait qu’il « convient de rester vigilant sur une évolution possible de l’aléa dans les prochaines années et de développer des outils de gestion du risque adaptés à un contexte non stationnaire » (Lang et Renard, 2007, p. 54).