Progressivement, la ville de Lyon va néanmoins poursuivre son extension vers le sud et continuer à œuvrer dans le sens d’une défense de Gerland contre les crues au moyen d’exhaussement de parcelles et de chemins, et ce malgré la réticence des services de l’Etat qui tentent tant bien que mal d’encadrer cette tendance pour prévenir une aggravation du risque d’inondation dans la traversée de la ville. La création du septième arrondissement de Lyon le 3 mars 1912 est d’ailleurs un signe de l’importance qu’a pris le quartier.
Un état de la protection du sud de Lyon contre les crues à la fin des années 1920 nous est fourni par un plan au 1/20 000e dressé par le Service de la Voirie de la Ville de Lyon dans le cadre d’une demande de subvention du relèvement du niveau des voies publiques en bordure du Rhône pour la défense de Lyon contre les inondations. Ce document, adressé au Ministère des Travaux Publics par l’Ingénieur en Chef de la Ville Chalumeau le 7 janvier 1932, figure la limite de l’inondation de 1928 à Gerland191. On y voit que cette crue centennale, d’un débit proche de celui atteint lors du maximum de 1856, a entièrement recouvert le quartier des Brotteaux Rouges, mais épargné le quartier de La Mouche. En 1928 en effet, ce dernier est bordé de voies insubmersibles : l’endiguement réalisé à la fin du XIXe siècle sous la forme d’un exhaussement de chemin a été complété à l’aval par une voie remblayée, construite perpendiculairement au fleuve le long de la limite sud des Abattoirs de La Mouche, et qui ferme ainsi le système de protection. Nous n’avons pas trouvé de trace de ces travaux dans les archives consultées pour notre travail, mais il est probable que ces derniers soient contemporains de l’édification des Abattoirs de la Mouche, conçus dès 1906 par l’architecte Tony Garnier en vue de l’Exposition Internationale urbaine de 1914 et construits de 1909 à 1914 sur 25 ha. On sait par ailleurs qu’un autre remblai important fut amorcé à cette occasion pour la réalisation du stade de Gerland : les travaux débutèrent en 1913 puis reprirent après la Première Guerre Mondiale, de 1919 à 1920.
Au premier plan, les hommes occupés à des travaux de remblaiement donnent une idée de l’épaisseur du remblai sur lequel les constructions nouvelles sont édifiées.
Archives du SNRS, C1311 II, D. 7439, L5