III.2. Aménagement des berges et du lit du Rhône dans le cadre de la réalisation du Boulevard périphérique nord et de la Cité Internationale (1993)

III.2.a. Un empiètement important sur le lit du fleuve

Au cours du XXe siècle, l’espace situé en arrière de la digue basse des Brotteaux, au pied du quai de la Tête d’Or, a été progressivement aménagé et mis hors d’eau par la Ville, puis par la Communauté Urbaine de Lyon (Courly). Les terrains seront d’abord affectés à la Foire de Lyon, relancée en 1916 sous la municipalité d’E. Herriot afin de concurrencer la foire de Leipzig. Commencés en 1918, les travaux consistent d’abord en l’édification progressive des bâtiments du Palais de la Foire et de plusieurs halls d’exposition au niveau du terrain naturel, avant qu’une dalle ne soit construite au même niveau que le quai, entre 1953 et 1961.

A partir de 1985, après que la Foire ait été déménagée à Eurexpo, sur la commune de Chassieu, cet espace accueille le siège d’Interpol et est reconverti en un vaste pôle tertiaire baptisé Cité Internationale.

Commencé en 1993, le chantier de la Cité Internationale s’accompagne de la réalisation du nouveau boulevard périphérique nord sur la rive droite, construit sur un imposant remblai insubmersible. Les deux projets sont implantés en partie dans le lit du Rhône, et l’on cherche une nouvelle fois à compenser l’incidence des empiètements sur l’écoulement des crues.

  • En rive droite (photo 27), après avoir franchi le Rhône par un double viaduc construit dans le secteur du coude de la Feyssine, le périphérique nord suit la berge jusqu’à la place Demonchy, à Caluire, puis pénètre dans un nouveau tunnel sous la Croix-Rousse en direction de la Saône et de l’échangeur d’Ecully. L’ouvrage constitue un important empiètement sur la berge et sous le viaduc SNCF et le pont Poincaré. L’accès au viaduc, en rive gauche du Rhône depuis la Doua et à travers le quartier de la Feyssine, comporte un remblai insubmersible, de même que la culée du viaduc située en rive droite. Cette dernière obstrue d’ailleurs complètement le débouché du canal de Miribel, qui doit être restructuré. Enfin, l’assiette nécessaire à la construction des péages et des échangeurs empiète fortement sur le lit du Rhône.
  • En rive gauche (photo 28), les terrains de la Foire, jusque-là submersibles, sont remblayés au niveau du quai A. Lignon, à une cote variant entre 167,5 à 168,6 NGF Ortho. L’accès des nouveaux bâtiments est ainsi calé au-dessus du niveau de la crue centennale. En bordure du fleuve, un boulevard urbain est créé en remplacement de l’ancienne chaussée du quai Achille Lignon (ancienne Avenue du Parc). Longue d’un peu moins de 2 km, la nouvelle chaussée, dénommée quai Charles de Gaulle, se raccorde au pont Poincaré et s’étend jusqu’au pont Winston Churchill. Le passage sous le viaduc SNCF et le pont Poincaré nécessite l’édification d’une plate-forme remblayée qui empiète sur le lit mineur et est calée au-dessus du niveau de la crue décennale (163,5 NGF Ortho). Les remblais occupent une partie des arches du viaduc SNCF et s’avancent ponctuellement de 18 à 20 m au minimum et jusqu’à 35-40 m dans le lit du Rhône, au-delà de la berge existante. Pour éviter une trop grande accélération des vitesses dans une section déjà réputée pour la violence des courants qui s’y tiennent, d’importants travaux de recalibrage doivent être mis en œuvre.
Photo 27. Le remblai du périphérique nord en rive droite du Rhône.
Photo 27. Le remblai du périphérique nord en rive droite du Rhône.
Photo 28. La Cité Internationale.
Photo 28. La Cité Internationale.

Construite sur remblai en avant de l’ancien quai de la Tête d’Or à l’emplacement de l’ancien Palais de la Foire (A. Lignon actuel).