Chapitre 2. L’impératif industriel et le remblaiement massif du couloir de la chimie

Le développement industriel de Lyon vers le sud a entraîné la protection progressive du septième arrondissement de Lyon. Les usines lyonnaises vont ensuite s’étendre plus au sud où elles trouvent de vastes espaces bon marché à proximité de la voie d’eau. Pour s’affranchir de la contrainte fluviale, les industriels ont largement remblayé la plaine, avant que les pouvoirs publics ne décident d’encadrer ce développement par la création de vastes plateformes surélevées en lien avec l’aménagement de Pierre-Bénite. Nous avons recensé toutes les autorisations et réalisations de remblais du corridor fluvial conservées aux archives du SNRS afin dévaluer l’importance du remblaiement et de comprendre comment, pourquoi et par qui il a été réalisé. Nous ne prétendons cependant pas à l’exhaustivité, et le bilan dressé dans les pages qui suivent pourrait sans doute être complété, en particulier par l’analyse des archives de la CNR. Le volume total remblayé est considérable et bien supérieur à ce que nous attendions initialement : les remblais sont massifs et ont été imposés par la priorité accordée au développement industriel. Au final, le paysage fluvial du couloir de la chimie n’a guère de ressemblance avec celui de 1860, époque à laquelle la plaine au sud de Lyon était marquée par une économie rurale adaptée à la contrainte fluviale. Voyons comment s’est opérée cette transformation, et quelle a pu être l’incidence du remblaiement massif du corridor. Le barrage de Pierre-Bénite apporte-il, comme le pensent les riverains, une solution définitive au risque d’inondation qui compenserait l’empiètement des zones inondables ?