I. Une occupation traditionnelle adaptée à la contrainte fluviale

La mise en valeur traditionnelle de la vallée de la Saône témoigne d’une « protection implicite », selon les termes de J. Untermaier, (1982) : la plupart des villages se trouvent sur les points hauts de la plaine, en bordure du lit majeur, et pratiquent une exploitation collective des pâturages inondables reposant sur le droit de vaine pâture, dont le mode de gestion, intégrant la submersion fréquente des terres, est adapté à la contrainte fluviale (Astrade, 1996 ; Pottier, 1998). Si le lit majeur de la Saône est longtemps resté peu occupé du fait de la fréquence et de la longueur des inondations, l’axe fluvial de la rivière constitue à l’inverse une voie de circulation très ancienne. Pour cette raison, quelques villages de mariniers et de pêcheurs s’étaient depuis longtemps installés au bord de l’eau, longés par des quais anciens à Trévoux, Neuville, Rochetaillée, Fontaines et Saint-Rambert l’Ile-Barbe. Cependant, le développement de ces noyaux villageois reste modeste jusqu’au milieu du XXe siècle. Le lit majeur demeure peu aménagé et sans protection directe contre les crues. En revanche, le lit mineur connaît d’importantes transformations de sa géométrie du fait des travaux d’aménagement de la voie navigable, mais les endiguements restent submersibles et n’atténuent pas les débordements de la rivière.