I.2. Comblement progressif des délaissés de la Saône

Sur les marges du chenal navigable, les délaissés de la Saône, isolés par les digues submersibles, sont progressivement comblés par des dépôts divers. Le Service Spécial autorise des particuliers à utiliser les lônes comme des décharges naturelles, les dépôts étant alors considérés comme un moyen d’assainir et de valoriser à moindre frais le domaine public fluvial. A Trévoux et Neuville, ces travaux sont l’occasion d’exhausser les berges pour permettre le développement des enjeux urbains en bordure de la rivière. Ce sont là les prémices de la logique du processus de l’urbanisation dans le Val de Saône à proximité de Lyon l’endiguement insubmersible y est interdit, mais l’on va chercher à surélever le niveau des constructions au moyen de remblais. Parallèlement, les voies de communication principales sont rapprochées du bord de la rivière, élargies et progressivement exhaussées pour être mises à l’abri des crues les plus fréquentes. Ces dernières vont permettre d’apporter une certaine protection contre les débordements de la rivière aux constructions, qui vont se développer dans le lit majeur, en arrière des remblais routiers.

A Trévoux, la berge est progressivement remblayée en arrière de la « digue basse de Trévoux », et le quai est prolongé vers l’amont. Suite à la construction d’un pont bascule par la municipalité en 1875, ce secteur est une première fois remblayé en 1877. Un quai est ainsi créé dans la section correspondant à la chaussée de la route départementale n°3, précédée d’une promenade plantée235. En 1899, la commune obtient l’autorisation de remblayer les terrains situés entre le pont de Trévoux et le chemin des Moulins afin d’en faire une promenade publique236. L’espace situé en avant du chemin de halage est ainsi remblayé sur 80 cm de hauteur et soutenu par un mur de quai, et le chemin de halage est reconstruit en avant de la nouvelle promenade. A partir de 1924, la municipalité investit le bas-port sur 1,1 ha pour l’organisation de fêtes.

A Neuville, une promenade plantée et une place sont établies à l’emplacement d’un ancien bras secondaire de la Saône qui s’étendait sur 300 m de long en aval du pont suspendu. Les terrains seront progressivement comblés à partir du milieu du XIXe siècle, puis remblayés en 1936. Le Service Navigation autorise la municipalité à édifier un remblai de 1,2 à 2,4 m d’épaisseur soutenu par un mur établi en bordure du chemin de halage, auquel on réserve une largeur de 5 m237.

Les lônes situées sur la commune de Rochetaillée seront quant à elles utilisées comme décharges naturelles. A partir de 1905, et au moins jusqu’en 1931 d’après les sources que nous avons consultées, la fabrique de bleu d’outremer Guimet, installée à Fleurieu, obtient l’accord du Service Spécial de déposer des déchets issus de l’usine dans la lône de Rochetaillée, à l’aval du pont suspendu de Couzon, et dans une lône située en amont de la maison éclusière238. En 1929, la Compagnie du Gaz est autorisée à déposer des déblais provenant de travaux de terrassement dans la lône de Rochetaillée. Les remblais sont régalés jusqu’au niveau du chemin de grande communication n°2 bis239.

Notes
235.

Archives SNRS, C3440 L30 p 26 Demandes de riverains, commune de Trévoux

236.

Archives SNRS, C3440 L30, p20 Demandes de riverains, commune de Trévoux

237.

Archives SNRS, C3470 D 16565 L2 Demandes de riverains, dpt du Rhône, commune de Neuville

238.

Archives SNRS, C3470 D 16565 L2 Demandes de riverains, dpt du Rhône, commune de Neuville

239.

Archives SNRS, C3460, D16550, L4 Demandes de riverains, commune de Rochetaillée