En 1957, on décide la construction de deux routes importantes sur chacune des rives de la Saône : le chemin départemental n°51 en rive droite et la déviation de la route nationale n°433 en rive gauche. Les ouvrages entraînent un remblaiement important : la largeur requise pour le CD n°51 est en partie gagnée sur le lit de la rivière et les plateformes sont mises au-dessus du niveau des crues les plus fréquentes : le CD51 est progressivement mis à l’abri des crues quinquennales tandis que la nationale 433 est calée au-dessus du niveau de la crue de 1955 sur la quasi-totalité de son tracé.
Le chemin départemental n°51 a été réalisé en deux tronçons :
Dans le même temps, le projet de déviation de la RN433 entre les ponts de Couzon et Fontaines, approuvé par la décision ministérielle du 21 octobre 1960, prévoit la construction d’une chaussée dite insubmersible de 20 m de large, édifiée sur l’assiette du chemin de halage, en rive gauche de la Saône, et soutenue par un perré en enrochements. Dans l’ensemble, la nouvelle route sera insubmersible pour les crues faibles et moyennes, le point le plus bas de la nouvelle plateforme restant cependant inondable pour un débit de crue décennal. Pour un débit égal à celui des crues de 1856 et 1955, d’une période de retour d’environ 70 ans, la route serait submergée sur 175 m, et elle serait entièrement noyée par un événement exceptionnel type 1840. La route longe la Saône sur 8,4 km entre Fontaines et Lyon (au niveau de la montée des Esses), et correspond aux quais de Serin/Gillet, Clémenceau et J.-B. Simon.
L’étude d’impact hydraulique commandée au LNH de Chatou (EDF, 1971) pour évaluer l’influence des deux nouvelles routes sur les crues conclut à la nécessité de compenser la réduction de la section mouillée par des dragages complémentaires. Pour éviter un exhaussement de la ligne d’eau de 7 cm au pont de Fontaine et de 5 cm jusqu’à hauteur de l’Ile Roy en cas de crue identique à celle de 1955 (considérée par l’étude comme une crue centennale), des travaux d’élargissement et d’approfondissement sont proposés en amont de l’Ile-Barbe (92 000 m3 de déblais) et au droit du pont de Fontaines (11 500 m3 à extraire). Le rapport pointe par ailleurs l’ajustement probable du profil en long qu’entraîneront les travaux, et recommande un suivi des phénomènes d’érosion et de dépôt dans les sections intéressées. Enfin, des buses de décharge, contrôlées par des vannes automatiques, sont prévues sous les remblais, afin d’éviter l’accumulation des eaux de ruissellement en arrière des ouvrages. Ces travaux sont exécutés en 1972.
Les Trente Glorieuses marquent donc une rupture avec l’occupation rurale traditionnelle de la vallée adaptée à la submersion. A partir de 1960, on observe une nette tendance à la colonisation du corridor fluvial, bien que cette dernière soit sans commune mesure avec la mutation des paysages qu’on observe au sud de Lyon. Il n’empêche que la multiplication des enjeux au sein de la plaine a considérablement accru la vulnérabilité, et que les interventions humaines répétées, en lit mineur et en lit majeur, posent la question d’une aggravation potentielle de l’aléa. Cette vulnérabilisation va être révélée au début des années 1980 avec l’occurrence de plusieurs crues notables.
Archives SNRS, C3475 D16570 LB Demande de riverains, aménagement routier, chemins départementaux,Note de l’ingénieur en chef du SNRS, 9 août 1957
Archives du SNRS C3460 D16550 L1, Demandes de riverains, département du Rhône, rivière de Saône, courrier en date du 25 mai 1978
Archives du SNRS C3460 D16550 L1, Demandes de riverains, département du Rhône, rivière de Saône, courrier adressé au SN le 11 septembre 1978
archives SNRS, C3475 D16570 LB Demande de riverains, aménagement routier, chemins départementaux
archives SNRS, C3475 D16570 LB Demande de riverains, aménagement routier, chemins départementaux, courrier de l’ingénieur en chef du Service Navigation au Directeur Départemental du Rhône en date du 5 janvier 1979