Conclusion

Comme au sud de Lyon, de vastes remblais ont été édifiés dans la plaine pour mettre les enjeux économiques et les voies de communication à l’abri des crues. Le bon écoulement de celles-ci doit-être assuré par l’approfondissement du chenal. Cependant, si les dragages ont permis d’augmenter la débitance de la rivière et de limiter les aggravations locales, ils contribuent à accélérer le transfert de l’onde de crue vers l’aval. En plus de cela, l’imperméabilisation des versants entraîne, comme on l’a vu, l’augmentation des volumes ruisselés, tandis que le volume stockable dans la plaine a certainement diminué. Tout concorde à aggraver le risque de concomitance des crues de la Saône et du Rhône et à favoriser la formation d’une crue extrêmement forte à l’aval, ce que les pouvoirs publics cherchent aujourd’hui à limiter en restaurant, autant que faire ce peu, les champs d’inondation, ou, à tout le moins, en préservant les zones inondables encore existantes. Mais les pressions locales sont fortes, en faveur de l’urbanisation du lit majeur.

Par ailleurs, on a constaté un fort écart entre la réalité de l’aléa exceptionnel et la crue de référence, employée par la réglementation jusqu’à une époque très récente. Si les prescriptions réglementaires semblent avoir été relativement bien respectées, elles étaient basées sur une crue bien inférieure au maximum connu, et même bien inférieure à la centennale sur le territoire du Grand Lyon, tandis qu’aucune réglementation n’existait sur la commune de Lyon-même. Potentiellement, la vulnérabilité est donc extrêmement forte puisque les cotes prises en compte par l’aménagement sont bien inférieures à celles qu’atteindrait la rivière en cas de crue forte et qui plus est, en cas de crue semblable au maximum de 1840.

Mais en réalité, le maximum historique ne peut-il être un jour dépassé compte-tenu de l’effet des actions humaines sur les volumes ruisselés et stockés à l’amont ? Là encore, bien que la Saône connaisse fréquemment des crues petites et moyennes et dont les riverains sont familiers, l’absence de forte crue de la rivière depuis plus d’un siècle et demi a contribué à l’oubli (au déni ?) du caractère parfois « terrifiant » des crues de la rivière. Depuis la crue extraordinaire de 1840, le seul événement notable fut celui de 1955, dont la période de retour ne fut que de 50 à 70 ans selon les secteurs. Le durcissement de la contrainte réglementaire, imposé par l’Etat, est mal accepté par les populations locales qui contestent la pertinence de la référence au maximum de 1840. On a là un des enjeux de la gestion pour les années à venir, tant au niveau local qu’à l’échelle du bassin versant.