Chapitre 4. L’originalité du secteur de Vaulx-en-Velin et du nord-est villeurbannais

La plaine du Rhône à l’amont de Lyon était initialement un secteur de tressage marqué par une grande mobilité du fleuve, qui divaguait entre la Côtière de la Dombes et les Balmes Viennoises. Les crues débordantes, d’allure torrentielle, inondaient un lacis d’îles et de brotteaux dont elles modifiaient la géométrie. C’est l’endiguement du bras le plus septentrional pour les besoins de la navigation, achevé en 1858 et appelé depuis canal de Miribel, qui a mis un terme aux migrations du fleuve. Au sud-ouest de la plaine, le noyau historique de Vaulx-en-Velin a été épargné par l’inondation de 1856, car il est situé sur un lambeau de terrasse fluviatile qui possède une revanche de 50 cm sur le niveau de la crue. Il n’en est pas de même du reste du village, qui est fortement touché par la catastrophe.

Comme le Val de Saône, la plaine du Rhône à l’amont de Lyon est stratégique pour la protection de Lyon depuis le milieu du XIXe siècle. Le secteur du nord-est de Villeurbanne et de Vaulx-en-Velin, situé dans le champ d’expansion des crues du Rhône, est concerné par la loi de mai 1858. On assiste ainsi à une demande de protection récurrente de la part des riverains qui a longtemps été refusée par l’Etat au nom de l’intérêt général. Néanmoins, cet espace est aujourd’hui largement endigué, bien que la plaine de Vaulx-en-Velin reste exposée aux inondations fortes, et les ouvrages contractent fortement le lit majeur du fleuve. Comment expliquer l’endiguement actuel en dépit de réglementation et du rôle stratégique de la plaine dans la protection de Lyon ? Par ailleurs, puisque Vaulx-en-Velin reste inondable malgré la présence des digues, le risque se trouve donc fortement accru. Les acteurs de la gestion en ont-ils conscience ? Et si oui, comment alors expliquer cette situation doublement paradoxale ?