I. Ajustement fluvial à l’endiguement du bras de Miribel et dérogation à la loi de 1858

I.1. L’exclusion de Vaulx-en-Velin du périmètre défendu par la digue insubmersible des Brotteaux (1856)

En 1837, la commune de Vaulx-en-Velin avait manqué une première fois de la protection apportée par la digue en terre des Brotteaux, dont le tracé devait initialement englober le village. A l’époque, les Vaudais avaient reculé face au coût de la dépense.

Suite à la crue extraordinaire de mai-juin 1856, alors que les Ponts-et-Chaussées projettent de remplacer la digue en terre par un nouvel ouvrage plus résistant, la question d’englober le village dans l’enceinte de protection est à nouveau posée. Sensibilisés par l’importance de l’inondation qu’ils viennent d’éprouver, les habitants acceptent de payer le prix de la protection et se prononcent en faveur de l’endiguement lors d’une commission d’enquête265. Mais ce sont cette fois les Ponts-et-Chaussées qui écartent le projet, du fait du surcoût important qu’occasionnerait la prolongation de l’ouvrage en avant du village de Vaulx-en-Velin, et par crainte que les terrains marécageux du territoire vaudais, jugés trop instables, ne fragilisent la nouvelle digue et l’exposent à de possibles ruptures266.

Parallèlement, l’Ingénieur en Chef Kleitz envisage la création ultérieure d’un bras de décharge au sud de la plaine, depuis le barrage de Thil jusqu’à l’extrémité aval de la commune de Vaulx-en-Velin, afin de limiter l’inondation pour les crues ordinaires et valoriser la plaine : il s’agit de barrer les bras secondaires du Rhône et de favoriser le colmatage des lônes et la jonction des îles entre elles. Afin de contourner l’opposition probable des communes traversées par l’ouvrage, que Kleitz juge peu sensibles à la question de la protection contre les débordements du fleuve (aucune, à part Vaulx-en-Velin, n’a demandé de protection, ce qui semble pouvoir s’expliquer par l’absence d’enjeu : les villages se situent en-dehors du lit majeur et les terres agricoles sont de faible valeur), il est proposé de créer une compagnie privée en charge de l’aménagement267.

Notes
265.

SNRS 780 in Bravard, 1985, p. 435

266.

ADR S13....construction d’une digue insubmersible entre Cusset et la Tête d’Or, rapport de l’ingénieur ordinaire Thiollière, 18 septembre 1856

267.

ADR S1376, avis de l’ingénieur en chef Kleitz du 27 nov. 1862 in : Défense de la plaine de Vaulx-en-Velin contre les corrosions du Rhône, avant-projet sommaire, rapport de l’ingénieur ordinaire Gobin, 13 nov. 1862