II.1.a. Des tentatives de réfection de la digue en terre des Brotteaux avortées à plusieurs reprises

Le 25 juin 1864, un grand nombre de propriétaires du quartier Saint-Jean adressent une pétition à l’Administration afin de se constituer en association syndicale pour assurer l’entretien de l’ancien ouvrage. Favorable au projet, l’Etat accepte de céder gratuitement l’ouvrage au futur syndicat et ouvre une enquête du 26 octobre 1865 au 15 janvier 1866 en vue de la constitution de ce dernier, conformément à la loi du 21 juin 1865. Mais, probablement refroidis par la perspective d’avoir à prendre en charge les coûts d’entretien de la digue, les propriétaires intéressés se rétractent et s’opposent en grand nombre à la création du syndicat, alléguant que la digue, submersible lors des crues extraordinaires, n’apporte finalement aucune amélioration à la situation de leurs terrains et qu’il est donc inutile de la maintenir à grands frais ; seules deux adhésions sont recueillies, et, faute d’avoir suscité la majorité requise, l’entreprise est annulée279. La digue est déclassée, remise à l’Administration des Domaines et aliénée à des particuliers.

Une pétition en date du 24 novembre 1889 formule une requête analogue, à laquelle s’ajoute la demande d’ouvrir des canaux d’écoulement pour les eaux provenant des infiltrations et des débordements du Rhône.

Suite à la crue de 1928, le maire de Villeurbanne adresse une demande de secours pour la remise en état de l’ancienne digue des Brotteaux. N’ayant pas été entretenu, l’ouvrage s’est affaissé en certains points, et a même été dégradé par endroits par les propriétaires riverains. Tout en reconnaissant que le projet de réfection de la digue est intéressant au point de vue de la protection du quartier Saint-Jean qui s’est fortement peuplé après guerre, l’Etat préfère réserver son aide à la réparation de dégâts directement causés par la crue de 1928. L’année suivante (25 janvier 1929), les habitants de Saint-Jean projettent une nouvelle fois de se constituer en syndicat pour restaurer l’ouvrage. Mais le projet restera sans suite du fait de l’opposition, lors de la mise à l’enquête, de la commune de Vaulx-en-Velin et des Villeurbannais situés en-dehors de l’enceinte de la digue : les habitants des quartiers des Genièvres, des Chavassonières, des Onchères et de Pot-Carron craignent que les eaux ne soient refoulées sur leurs terrains280.

Notes
279.

Archives SNRS, C 2011 D 13108, Associations syndicales, syndicat de défense du quartier Saint-Jean à Villeurbanne, rapport du 31 janvier 1866

280.

Archives SNRS, C 1474 D8515 L25 p24, demande de remblaiement d’une tuilerie par la Veuve Perrin, rapport du 24 décembre 1941