Il faudra attendre une nouvelle demande des habitants de Saint-Jean, formulée suite à une nouvelle crue extraordinaire, en 1944, pour que le projet aboutisse. Mais, cette fois, les ingénieurs du SNRS réussissent à faire converger l’intérêt des deux municipalités ainsi que celui des habitants des différents quartiers de la plaine. Suite à la crue de 1944, les habitants de Saint-Jean décident à nouveau de se constituer en syndicat pour se protéger des débordements du fleuve. Une enquête, décidée par arrêté préfectoral le 20 novembre 1945 et ouverte en mairie du 25 novembre au 15 décembre, remporte l’adhésion massive de la population et aboutit à la création effective du syndicat des propriétaires du quartier Saint-Jean en 1945281. Au total, 280 propriétaires ont donné leur adhésion, 13 seulement l’ont refusé, et 34 n’ont pu être directement informés du projet et ne se sont pas exprimés282. Immédiatement, l’association syndicale projette de restaurer et d’exhausser la vieille digue en terre des Brotteaux qui ceinture le nord et l’est du village afin de lui procurer une revanche de 1 m sur le niveau atteint par les eaux au droit de l’ouvrage en 1928 (171,52 m).
Chargé de l’étude du projet et de son exécution, le Service Navigation propose d’étendre la protection aux quartiers sud-est de Vaulx-en-Velin en restaurant la section aval de la digue en terre de Vaulx-en-Velin, entre le lieu dit la Palud et la digue en terre des Brotteaux. Cette section, à l’origine ancrée sur la digue en terre des Brotteaux, est à l’époque fortement endommagée et même quasiment disparue par endroits, les habitants ayant ouvert des chemins au travers de l’ouvrage. L’inondation de 1928 avait par ailleurs fortement dégradé l’ouvrage qui n’avait été réparé que dans sa partie amont. En proposant de restaurer la protection de Vaulx-en-Velin, l’Etat répond ainsi aux inquiétudes du maire soucieux que le niveau des inondations sur le territoire vaudais ne soit pas aggravé par l’endiguement de Saint-Jean283. La reconstruction complète de la digue de Vaulx-en-Velin doit permettre de protéger les quartiers vaudais du Pont des Planches et du Petit Pont, au même titre que le quartier villeurbannais de Saint-Jean afin de protéger les enjeux existants (plus de 5 000 habitants occupent alors ce secteur), et d’assurer l’extension et le développement de la ville.
Etant donné que les deux anciennes digues en terre ont été autrefois autorisées par décret ministériel, le SNRS considère qu’il est possible de les reconstruire à une cote insubmersible sans déroger à la loi de 1858 et sans procéder à une nouvelle mise à l’enquête. Les intéressés peuvent ainsi contourner le risque d’une éventuelle opposition des riverains à l’entreprise, dont on a vu qu’elle avait été à l’origine de l’abandon des projets de 1866 et 1929. L’endiguement prévu, large de 1 m en couronne, doit être calé 50 cm au-dessus du niveau de la crue de 1928, et doit emprunter le tracé de la digue en terre de Vaulx-en-Velin jusqu’à l’aval du quartier du Petit Pont, puis celui de l’ancienne digue des Brotteaux jusqu’au canal de Jonage. Par contre, des ouvertures existant dans l’ancienne digue et ayant montré que leur fermeture au moment d’une crue est toujours aléatoire et souvent imparfaite, celles-ci sont comblées et remplacées par quatre rampes de franchissement : une chemin de Balmont, une à mi-distance entre le château Durand-Suret et le chemin des Cerisiers, deux autres chemin des Cerisiers et chemin des Bordelières.
Arrêté préfectoral le 1er février 1848
Archives SNRS, Demandes des riverains, C1474 D8515 L25, rapport de l’Ingénieur en Chef du SNRS, 22 janvier 1946
Archives SNRS, Demandes des riverains, C1474 D8515 L25, courrier du maire de Vaulx-en-Velin au SNRS, 9 juillet 1948