II.1. L’impact des remblais

Aujourd’hui, 350 ha de plans d’eau (sur les 1 200 ha initialement prévus) ont été réalisés et il n’est pas prévu d’augmentation notable de cette superficie. Les carrières doivent cesser leur activité d’ici quelques années et être réhabilitées dans le cadre des travaux de réaménagement du parc dont l’achèvement est prévu pour 2013. Quant au projet des Portes du Rhône, s’il n’est pas officiellement abandonné, il n’est néanmoins plus d’actualité pour l’instant. Entre temps, l’ouvrage couplé de l’A432 et du TGV Sud-Est, achevé en 1991, a été calé sur l’abaissement de la ligne d’eau qu’aurait dû permettre le projet (EDF, 1988), et les ouvrages de décharge sont aujourd’hui vraisemblablement sous-dimensionnés. Suite à la crue de février 1990, lors de la constitution des dossiers de demande de classement en catastrophe naturelle, les habitants des communes de l’Ain mirent en cause l’impact des travaux du TGV et de l’A 432, leur imputant une certaine aggravation de l’aléa. La présence de la piste du chantier, établie en rive gauche, aurait selon eux renvoyé l’intensité de l’onde de crue sur la rive droite. Cette piste, qui existe toujours, reliait les emprunts de la SNCF, situés en aval de la brèche de Thil aval, au chantier du TGV. Pendant les travaux, elle obstruait la brèche de Thil amont, dont le niveau initial avait été repéré par des buses à la demande du Service de la Navigation. En 1992, le Service de la Navigation a fait araser la piste au niveau de la brèche. Il n'empêche que lors de la crue de 1990, la brèche de Thil amont n’a pas du tout fonctionné, ce qui a pu aggraver les inondations sur Thil.

Les remblais construits à partir de 1974 pour supporter les aménagements n’ont donc pas été complètement compensés et ils empiètent sur le champ d’expansion des crues. Les emprises ainsi créées jouent un rôle dans la diminution du volume laminé dans la plaine. Par ailleurs, les remblais contribuent à la chenalisation des eaux de débordement et donc à l’augmentation des vitesses d’écoulement et de la capacité érosive des crues, ainsi qu’à l’accélération du transfert de l’onde de crue. Le remblai de l’autoroute A42 et celui situé au sud, en bordure du lac des Eaux Bleues, font obstacle aux flux provenant du canal de Miribel au nord (Bakes, 1995), tandis que l’ouvrage couplé de l’autoroute A432 et du TGV Sud-Est, qui est perpendiculaire au flot de la crue, contribue probablement à refouler les eaux sur le village de Niévroz.