III. Vers une gestion globale ?

III.1. Une prise de conscience des interactions nature-sociétés…

Au début des années 1990, on réalise que les dysfonctionnements de l’écosystème fluvial dus à l’enfoncement du canal de Miribel menacent les enjeux de l’agglomération situés dans les îles. L’abaissement du toit de la nappe d’accompagnement pose problème pour l’alimentation des lacs et des puits de captage et le maintien du milieu humide. La diminution de la quantité et de la qualité de la ressource en eau est préjudiciable à l’alimentation en eau potable et à la pratique des loisirs aquatiques. Par ailleurs, la réduction de l’écrêtement, constatée lors de la crue de 1990, diminue la protection de Lyon face aux crues.

Les décideurs et les gestionnaires prennent alors acte des dysfonctionnements de l’hydrosystème qu’ils vont chercher à mieux comprendre et à enrayer (Bravard et al, 1995, BURGEAP, 1994). Le Service Navigation interdit les extractions en lit mineur en 1991 après qu’une étude géomorphologique ait mis en évidence leur effet sur le profil en long (Poinsart et al., 1989 ; Bravard et al., 1991), et lance une série d’études pour stabiliser les fonds et surveiller leur évolution.

Cette prise de conscience coïncide avec la découverte de l’intérêt écologique du site, alors qu’on est passé de la tendance à l’extension du tout urbain à la volonté d’améliorer la qualité de vie des citadins dans une optique de développement durable. L’île de Miribel-Jonage devient alors un nouvel enjeu pour le développement local et régional (Bravard et al., 1995). En 1992, la charte de l’Ecologie urbaine du Grand Lyon prévoit le réaménagement d’un parc naturel à Miribel-Jonage. Parallèlement, le Schéma Directeur de l’agglomération lyonnaise classe la zone en « site naturel inaltérable », tandis que celui du Haut-Rhône en fait une « zone naturelle protégée » (Amzert et Cottet-Dumoulin, 2000).

En tant que partenaire principal de la gestion du parc, le Conseil Général du Rhône lance alors une réflexion d’ensemble pour préserver et valoriser cet espace. Une charte d’objectifs pour la mise en valeur de l’île de Miribel-Jonage est approuvée en 1993 (SYMALIM, 1993). Un Comité de pilotage regroupant les différents acteurs est chargé de mettre en œuvre un programme d’actions permettant une gestion globale. Quatre vocations principales sont dévolues au secteur : l’alimentation en eau potable, l’écrêtement des crues, les loisirs et la richesse écologique.